JÉSUS EST-IL VRAIMENT RESSUSCITÉ ?


  • 1. 

L’existence et la crucifixion de Jésus sont admises actuellement par tous les historiens sérieux : plusieurs témoignages antiques, chrétiens ou non le prouvent. Même les adversaires les plus mordants du Christ, comme les responsables religieux des juifs, Celse le Romain, etc. n’ont jamais exprimé le moindre doute à ces sujets. Flavius Josèphe, historien juif du premier siècle, a écrit lui aussi : « Vers le même temps survint Jésus, homme sage … et Pilate le condamna sur la croix ».
L’existence de Jésus ne fait aucun doute
Aucun spécialiste ne nie l’existence d’un personnage historique nommé Jésus, juif né en Galilée quelques années avant le début de notre ère, mort crucifié à Jérusalem autour de l’an 33 et dont la vie publique fut très brève : trois ans au plus.

Jésus n’est pas un mythe.
Michael Grant qui se dit historien athée partage comme bien d’autres cette position dans son ouvrage (Jesus : An historian’s review of the gospels) : « Les méthodes critiques modernes ne peuvent pas soutenir la théorie du mythe du Christ. A maintes reprises, des chercheurs de premier ordre l’ont considérée et l’ont rejetée. » 
En dehors des Évangiles, Jésus est mentionné dans plusieurs sources fiables : Outre le passage indiqué plus haut, Flavius Josèphe cite plusieurs fois Jésus dans les Antiquités judaïques : « Anne […] convoqua un Sanhédrin de juges et fit comparaître Jacques, frère de Jésus appelé le Christ et quelques autres […] et les fit lapider » et dans le célèbre « témoignage flavien » qui parle de ses miracles et de sa mort.
Vers l’an 110, un écrivain latin, Pline le Jeune, parle de gens qui se réunissent « un jour déterminé, avant l’aube, et chantent un hymne au Christ comme à un Dieu. »
La crucifixion du Christ est aussi attestée et jamais contestée par tous les témoignages antiques
En l’an 64, Néron persécute les chrétiens et Cornelius Tacite, un historien, explique vers 115 dans ses Annales l’origine de cette « secte » : « Ce nom leur vient du Christ, qui a été exécuté sous le règne de Tibère, par le procurateur Ponce Pilate. »
Flavius Joseph dit que Jésus « fut condamné à la croix »...
Le philosophe platonicien Celse, un juif romain auteur du \"Discours véritable \", virulente attaque contre le christianisme (IIe siècle). Ce dernier écrit : « Vous nous donnez pour Dieu un personnage qui termina par une mort misérable une vie infâme ».
Lucien de Samosate (+ 192) parle de Jésus comme d’un « sophiste crucifié », comme le païen Thallus ou le syrien Mara Bar Serapion.
Le Talmud babylonien confirme même la crucifixion de Jésus la veille de la Pâque.
« La foi des chrétiens, dit saint Augustin, est la résurrection du Christ. Il n’est pas difficile de croire que Jésus est mort ; les païens le croient également, tout le monde le croit. Mais ce qui est vraiment grand, c’est de croire qu’il est ressuscité ».
Un autre argument décisif de l’existence réelle de Jésus découle simplement de la lecture des Évangiles et de la constatation de leur originalité très spéciale
Dans une interview, le grand physicien Albert Einstein parlait de Jésus dans ces termes : « Personne ne peut lire les Évangiles sans éprouver la présence réelle de Jésus. Sa personnalité ressort de chaque mot. Aucun mythe ne rayonne d’une telle vie… Nul ne peut nier le fait que Jésus a existé et que ses paroles sont belles. » 
Emmanuel Carrère dans Le Royaume souligne lui aussi les caractéristiques extraordinaires du discours de Jésus : « naturel, lapidaire, à la fois totalement imprévisible et totalement identifiable. Cette façon de manier le langage n’a pas d’équivalent historique. Elle est une sorte d’hapax qui, pour qui a simplement un peu d’oreille, interdit de douter que cet homme a existé, qu’il a parlé ainsi. »
La prédication de Jésus renferme des particularités uniques, jamais vues avant lui
Entre autres, elle comporte à l\'égard des disciples des exigences qui n\'ont d\'équivalent nulle part ailleurs : renoncement, pauvreté, rupture des liens familiaux, radicalisation de la Loi ancienne, etc. Parmi de nombreuses citations, on peut mentionner à titre d’exemple celle-ci concernant la famille : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n\'est pas digne de moi. Celui qui aime son fils et sa fille plus que moi n\'est pas digne de moi. Et, celui qui ne prend pas sa croix pour marcher derrière moi n\'est pas digne de moi. » (Matthieu 10, 34).
La crucifixion de Jésus est généralement admise sauf par les musulmans qui l’ont niée, mais plus de sept siècles après les événements ... Nous précisons cette position dans le paragraphe suivant.

 

  • 2. 

Les Évangiles insistent sur le tombeau vide découvert le dimanche de Pâques. C’est un argument important qui n’est remis en cause par aucun témoignage contradictoire, pas même chez les adversaires de la foi chrétienne.

Le tombeau vide est un présupposé nécessaire

C’est ainsi que l’argumente le pape Benoît XVI (Jésus de Nazareth) : « Dans la Jérusalem de l’époque, l’annonce de la Résurrection aurait été absolument impossible si on avait pu faire référence au cadavre gisant dans le sépulcre. C’est pourquoi, il faut dire que, si le sépulcre vide en tant que tel ne peut certainement pas prouver la Résurrection, il reste toutefois un présupposé nécessaire pour la foi dans la Résurrection, dans la mesure où celle-ci se réfère justement au corps et, par là même, à la totalité de la personne. »

Seuls les Évangiles parlent du tombeau vide et il n’y a aucun témoignage contradictoire

Jean écrit que Pierre et lui-même ont vu le sépulcre vide (Jean 20, 3-8) et il fournit quelques éléments précis à ce propos : « Pierre aperçut le linge qu’on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandelettes, mais roulé à une place à part ».
Dans 
Reasonable Faith, le grand apologète américain William Lane Craig précise que : « Des traditions conflictuelles [au récit du tombeau vide] n’apparaissent nulle part, même pas dans la polémique juive » et que : « Autrefois considéré comme un outrage à l’intelligence moderne et une source d’embarras pour la théologie chrétienne, le tombeau vide de Jésus est aujourd’hui classé parmi les faits généralement reconnus concernant le Jésus historique.

 

  • 3. 

Les opposants à la résurrection avancent plusieurs thèses « rationnelles » très peu crédibles : la substitution avant la crucifixion (Coran), la mort apparente, les hallucinations des disciples. La version du vol du corps est plus solide. D’après Matthieu (28,13), cette version est choisie par les chefs des prêtres : « Vous direz ceci : ses disciples sont venus de nuit et l’ont dérobé pendant que nous dormions. »

La thèse de la substitution vient de croyances gnostiques nées loin de Jérusalem et loin des faits

La première thèse - la moins crédible - est celle de la substitution de personnes que semblent accréditer les musulmans. Selon le Coran (sourate 4 – versets 156-157) : « Ils [les juifs] ne l’ont ni tué ni crucifié, ce fut une illusion, de simples conjectures, en vérité ils ne l’ont point tué »Mais cette opinion ne fournit aucune explication alternative historiquement crédible. En réalité, c’est un argument purement théologique et non pas historique. On peut noter aussi que le fait de ne pas reconnaître la mort de Jésus permet de faire l’impasse sur sa résurrection qui peut être considérée comme un « signe » de sa divinité. Le Coran, écrit au moins sept siècles après les événements ne fait que rapporter des croyances gnostiques apparues au deuxième siècle qui circulaient loin de Jérusalem et qui, n’acceptant pas la mort de Jésus, avançaient la théorie de la substitution de Jésus par Simon de Cyrène qui l’avait aidé à porter la croix.

La théorie de la « mort apparente » dite aussi de la « pâmoison » date du début du dix-neuvième siècle.

Elle a été promue par le théologien allemand Karl Heinrich Georg Venturini (Natürliche Geschichte des grossen Propheten von Nazareth). Mais, la série des tortures infligées à Jésus ne permet pas de survivre : 
- la flagellation subie par Jésus avec les lanières du fouet lestées d’éclat de plomb qui ont lacéré profondément ses chairs, beaucoup mouraient durant ce supplice. Jésus était après très affaibli, sans pouvoir porter la poutre transversale de la croix jusqu’au lieu d’exécution ;
- la crucifixion (le pire des supplices selon Cicéron) qui l’a asphyxié progressivement et enfin le coup de lance dans le côté. Il en sort du sang et de l’eau, selon l’évangéliste Jean qui rapporte ce détail supplémentaire. Jean n’est pas un expert en médecine. Il rapporte le fait pour d’autres raisons. Ce qui est intéressant, c’est que sans le vouloir, il nous livre un fait clinique. Les épreuves atroces qu’a subies Jésus ont provoqué une accumulation d’eau dans le péricarde. Or du sang demeure dans le cœur lui-même. Ainsi, l’eau et le sang qui sortent de la plaie sont la preuve que le cœur a été effectivement transpercé par la lance.
Ajoutons le fait que les soldats romains savaient bien faire la différence entre un mort et un mourant.
Ainsi, comment supposer que Jésus serait tombé dans un état simulant la mort pour revenir ensuite à un état de conscience normale ? Et enfin, comment trouver suffisamment de force pour faire glisser la pierre qui fermait le tombeau ? C’est impossible.

L’hypothèse d’hallucinations collectives ne tient pas non plus

Une troisième théorie avancée par l’écrivain français Renan dans La vie de Jésus, ouvrage publié en 1863 admet que Jésus qui n’est qu’un homme est bien mort mais que ses soi-disant apparitions aux disciples ne sont en fait que des hallucinations. Mais, on connait mieux ce trouble mental. Avoir une hallucination, c’est désirer voir quelque chose, voir en fait autre chose, et prendre cette autre chose pour ce que vous souhaitiez voir... Les disciples, par contre, ont réellement vu ce qu’ils cherchaient, mais ils n’ont pas cessé de le prendre pour autre chose ! Exemple le plus fameux, Marie-Madeleine voit Jésus et le prend pour le jardinier !
En réalité, au moment décisif, lorsque Jésus fut arrêté et exécuté, les disciples n’étaient dans l’attente d’aucune résurrection. Ils prirent la fuite et considérèrent que le cas de Jésus était clos.
De plus, des hallucinations n’expliqueraient pas qu’autant de personnes (environ cinq cents selon Paul) aient eu des expériences similaires dans des contextes différents pendant plusieurs jours.
Les disciples n’ont pas pu se tromper : ils étaient des hommes qui avaient les pieds sur terre, des pêcheurs, loin d’être enclins à avoir des visions. Au départ, ils ne croient pas ; Jésus doit presque forcer leur résistance : « Ô cœurs… lents à croire ! ».

Il reste une version intelligente choisie par les responsables religieux juifs : les disciples de Jésus ont dérobé le corps de leur Maître pour faire croire à la résurrection.

Cette version du vol est la plus répandue des théories dites « rationnelles ». Mais le tombeau était sous la garde de plusieurs personnes. Et une pierre barrait l’entrée. Enfin, les voleurs auraient-ils pris la peine d’enlever les bandes et de plier le linge à part, comme le précise Jean ? : « Pierre aperçut le linge que l’on avait mis sur la tête de Jésus, non pas avec les bandelettes, mais roulé à une place à part ». Et si cependant, cette thèse était vraie ?

 

  • 4. 

Si l’on suppose maintenant que les disciples ont dérobé le corps de Jésus, alors ils auraient inventé la résurrection ? Mais à l’analyse, ni les textes évangéliques ni l’évolution du groupe ne sont compatibles avec cette hypothèse, car si les récits de la résurrection avaient été inventés, il est presque certain que l’on n’aurait pas attribué la découverte du tombeau vide à des femmes. Et encore moins que Jésus ressuscité soit apparu en premier à Marie-Madeleine ! Selon l’historien juif Flavius Josèphe, le témoignage des femmes avait si peu de valeur qu’elles n’avaient même pas le droit de témoigner dans une cour de justice. Par ailleurs, les disciples n’auraient probablement pas toléré d’être présentés de façon aussi dévalorisante comme on le constate par exemple dans deux textes fameux : celui des disciples d’Emmaüs emplis de doutes et celui de l’incrédulité de Thomas qui a besoin de toucher les marques de la passion de Jésus pour croire à sa résurrection. Enfin, toujours dans l’hypothèse d’une invention, les rédacteurs auraient fabriqué un Christ ressuscité facilement identifiable et ils auraient sans doute imaginé de lui attribuer un pouvoir particulier comme signe distinctif

Le raisonnement à suivre s’apparente à celui de la démonstration par l’absurde.

C’est une méthode classique, souvent employée par les scientifiques et par les mathématiciens. Si la résurrection n’avait pas eu lieu, quelles en seraient les conséquences logiques ?
Les textes relatent qu’après la mise au tombeau de Jésus, les hommes – sans doute désespérés – laissent les femmes se rendre au tombeau. Celles-ci sont plus courageuses que les hommes ; les quatre évangélistes s’accordent pour préciser qu’elles partent tôt le matin.

Si les faits avaient été inventés, ils n’auraient pas imaginé dans le contexte de l’époque reposer d’abord sur le témoignage des femmes

Dans le contexte de l’époque, il est légitime de penser que, si les faits avaient été inventés, les auteurs n’auraient pas mis en valeur les femmes ni écrit qu’elles avaient en premier vu le tombeau vide et, même, Jésus pour l’une d’elles (Marie-Madeleine).
Différents auteurs ont avancé cet argument ; ainsi Frank-Duquesne en 1952 (
La Résurrection de Jésus-Christ et la critique rationaliste) : « Dans le monde antique, romain et surtout juif, si ce récit avait été inventé, on n’aurait pas attribué la découverte du tombeau vide à des femmes. »
Frank Morison, écrit dans 
Who moved the stone ? que jamais les femmes n’auraient été mises comme « actrices centrales du complot ».
Il ne reste qu’une explication : c’est ainsi que ça s’est passé et les disciples n’ont raconté que la vérité. Même si elle semblait les pénaliser à première vue…

Dans le cas d’une invention, les disciples n’auraient probablement pas non plus toléré d’être présentés de façon aussi dévalorisante

On les voit en situation délicate par exemple dans deux textes fameux : celui des disciples d’Emmaüs emplis de doutes et celui de l’incrédulité de Thomas qui a besoin de toucher les marques de la passion de Jésus pour croire à sa résurrection.
Les Évangiles dressent un portrait des disciples sans concessions : sceptiques, lents à la compréhension. Ils reconnaissent difficilement Jésus ressuscité ; autant Marie-Madeleine que les disciples d’Emmaüs et plus tard le groupe rassemblé au bord du lac de Tibériade :
- Les deux disciples qui vont à Emmaüs sont tristes, abattus et ne comprennent pas ce qui est arrivé.
Ce que leur reproche Jésus selon Luc : « Comme votre cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! ».
 - Selon Jean, Thomas a besoin de toucher les plaies de Jésus pour croire à la résurrection : « Si je ne vois dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point ». Et c’est ensuite cette phrase magnifique de Jésus : « Parce que tu m’as vu, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru ! ».
Ajoutons aussi que les rédacteurs n’auraient sans doute pas cité Joseph d’Arimathie venu chercher le corps de Jésus pour l’ensevelir dans son propre sépulcre.
En effet, Joseph appartenait au Sanhédrin qui avait condamné Jésus ! Dans ces conditions, pourquoi inventer cette intervention d’un personnage qui faisait partie du groupe des ennemis ? Il est peu probable que les disciples auraient accepté d’entendre diffusés des textes si peu valorisants pour eux, s’ils étaient inexacts…

Des faussaires auraient évidemment fabriqué un Christ ressuscité facilement identifiable plutôt que d‘insister sur les difficultés à le reconnaître

C’est la déduction de Benoît XVI (Jésus de Nazareth) : « Si on avait voulu inventer la Résurrection, toute l’insistance se serait portée sur la pleine corporéité, sur le fait d’être immédiatement reconnaissable et, en plus, on aurait peut-être imaginé un pouvoir particulier comme signe distinctif du Ressuscité. »
Et dans ce cas, pourquoi inventer un « corps glorieux » qui aurait eu en même temps les blessures de la croix ? Selon Jean, Jésus apparaît aux disciples réunis : « Il leur montra sa main et ses côtés ».

Enfin, saint Paul et les autres auteurs n’auraient pas pu porter des témoignages aussi clairs auprès de leurs contemporains

Seize ans après la mort du Christ, Paul précise que plus de 500 personnes ont vu Jésus ressuscité et que la plupart sont toujours en vie. Si la résurrection n’avait pas eu lieu, comment Paul aurait-il pu faire part d’une si longue liste de témoins oculaires ? (1 Corinthiens 15, 6).
Selon Norman Geisler et Franck Turek dans 
I don’t have enough faith to be an atheist « Paul aurait immédiatement perdu toute crédibilité devant ses lecteurs de Corinthe en mentant d’une manière si flagrante. »
Au total, les apôtres et les disciples n’ont pas pu vouloir tromper leurs auditeurs. Tous leurs intérêts y étaient opposés ; ils auraient été les premiers à se sentir trompés par Jésus. S’il n’était pas ressuscité, à quoi cela servait-il d’affronter la persécution et la mort pour lui ? Quel avantage matériel en tiraient-ils ?

 

  • 5. 

Une deuxième série d’arguments très convaincants contre la théorie de la mystification concernel’évolution du groupe des disciples. Au moment où Jésus meurt sur la croix, ceux-ci n’ont plus de chef. L’aventure semble terminée. Or, ces hommes apeurés et désespérés, sont transformés en quelques jours en individus, qui se mettent à proclamer le message de Jésus avec un dynamisme impressionnant. Comment expliquer un tel revirement ?

Les apôtres et les disciples n’avaient aucune raison de continuer après la mort de Jésus

Selon Antoine Nouis : « La grande singularité de Jésus de Nazareth par rapport aux autres fondateurs de religion est qu’au moment de sa mort le bilan de sa vie ressemble à un échec assourdissant. » (Lettre à mon gendre agnostique). En toute logique, les disciples de Jésus qui sont privés de chef et qui se retrouvent sans successeur prêt à prendre la relève, n’ont aucune raison de se maintenir outre mesure. Pour quel motif le feraient-ils ?

Tous ces événements avaient laissé les disciples de Jésus sous le choc, mais ils vont tous basculer en quelques jours et devenir des apôtres enthousiastes

Ils n’avaient plus confiance en le fait que Jésus avait été envoyé par Dieu. Ils pouvaient penser que Dieu ne laisserait pas son Messie souffrir la mort. Ils se sont alors dispersés. Le mouvement de Jésus avait été interrompu dans sa course. L’évolution qui suit est inexplicable « rationnellement », comme l’écrit Jean-Christian Petitfils dans son livre sur Jésus : « Un fait demeure, inexplicable rationnellement, outrepassant les frontières de l’improbable. Tout aurait dû s’arrêter à la pierre roulée au tombeau de Joseph d’Arimathie ».
Or ces hommes craintifs et désespérés, plongés dans l’accablement  (« ils se barricadaient chez eux » par crainte des juifs, selon Jean) sont transformés en quelques jours en individus courageux, remplis de hardiesse et d’assurance qui se mettent à proclamer ouvertement le message de Jésus avec un dynamisme impressionnant.
Il a donc dû se produire quelque chose qui, en peu de temps, a non seulement provoqué le changement radical de leur état d’âme mais les a conduits à une activité complètement nouvelle et à la fondation de l’Église. Ce « quelque chose » est le noyau historique de la foi de Pâques.

  • 6. 

Les auteurs du Nouveau Testament insistent, à la suite de Jésus lui-même, sur le fait que la Résurrection s’opère « selon les Écritures ». Cela peut poser problème, car on se demande d’abord de quels passages bibliques il s’agit et puis à quoi bon mettre en valeur la référence à l’Ancien Testament, alors qu’il s‘agit de quelque chose de totalement neuf qui survient dans l’histoire et qui n’a pas besoin d’une autre attestation que le fait patent, constaté par les apôtres et les saintes femmes, qu’un mort de trois jours s’est relevé de son tombeau ?

Jésus nous prépare

Jésus ne veut pas - dans la majorité des cas - imposer directement le constat brut de sa présence en chair et en os ; il cherche à le préparer par un cheminement intérieur, qui mette en jeu le cœur et l’intelligence des témoins. Celui des pèlerins d’Emmaüs est le plus connu, mais il n’est pas le seul. Avant qu’ils puissent s’ouvrir au fait inouï et bouleversant de la Résurrection, il souhaite les préparer pour qu’ils soient prêts à rendre les armes devant la Toute Puissance et la Toute Sagesse de Dieu. La Résurrection n’est pas seulement un coup de force de la Divinité qui bouscule le cours des choses, c’est l’acheminement d’un projet dont les Écritures témoignent et qui va de la création de l’homme à sa glorification finale, une fois vaincu l’obstacle du péché. En Jésus, Dieu a réalisé son ambition de toujours : couronner de gloire et d’honneur son Serviteur fidèle, non dans un paradis irréel, mais dans la réalité de sa chair.

En commençant à donner un sens à l’événement, le Christ permet aux yeux de s’ouvrir.

Les disciples ne croient pas parce qu’ils auraient eu déjà une idée claire de la Résurrection, mais, devant la provocation qu’apporte la nouvelle « Jésus est ressuscité », ils sont obligés de s’interroger (comme nous) et percevant soudain quelque chose de la logique profonde du plan de Dieu, ils peuvent saisir des indices qui sans cela leur échapperaient, et conclure, dépassés par la lumière qui entre à flot dans leur cœur : c’est donc bien vrai, Il est Ressuscité ! Mon Seigneur et mon Dieu ! (Jean 20,28)

  • 7. 

Pourquoi les disciples auraient-ils accepté plus tard – sans jamais renier - d’être emprisonnés, torturés, tués ou envoyés en exil pour des fables qu’ils auraient pertinemment su être des fables ? S\'ils avaient volé le corps, auraient-ils accepté le martyr pour quelque chose qu\'ils savaient faux? Personne n\'est prêt à mourir pour un mensonge. Contrairement à certaines personnes persécutées pour leurs idées ou croyances, ils ont accepté de mourir pour avoir témoigné d\'un fait : le Christ leur est apparu vivant.

Pourquoi ces hommes apeurés, quasiment des couards, auraient-ils tous accepté plus tard d’aller au supplice sans jamais renier leur témoignage ?

Parmi les douze apôtres, l’histoire nous apprend que onze sont morts martyrs : Pierre, André, Jacques (fils d’Alphée), Philippe, Simon, Barthélémy : mourront crucifiés. Matthieu, Jacques (fils de Zébédée) : mourront par l’épée. Thaddée tué par flèches, Thomas tué par une lance. Jacques le « frère » du Seigneur est également mort martyr (d’après Flavius Josèphe).
Sous la torture, il eut été étonnant qu’aucun n’avoue la tromperie ! Dire qu’ils ont fait cela pour sauver la face et ne pas reconnaître qu’ils s’étaient trompés est totalement illogique.
« Je crois aux témoins qui se font égorger » disait Pascal.

Ce retournement psychologique est inexplicable sans les apparitions du Christ.

Seule la résurrection de Jésus permet d\'expliquer la naissance et l\'expansion miraculeuse de l\'Eglise.
« L’histoire se doit d’enregistrer comme un fait établi, indéniable, comme une certitude exempte du moindre coupage de doute, que les disciples de Jésus ont cru, comme on croit à une vérité d’évidence, avoir revu vivant celui qui venait d’expirer. » Henri Guillemin 
(L’affaire Jésus)

  • 8. 

On peut noter un dernier argument avancé par le pape Benoît XVI : « Si l’on considère l’importance du sabbat dans la tradition juive, alors seul un événement puissamment bouleversant pouvait entraîner le renoncement au sabbat et son remplacement par le premier jour de la semaine ». En réalité, sans la Résurrection, la naissance de l’Église est inexplicable. Il n’a pas pu être proposé une alternative plausible à la Résurrection. Mais il ne suffit pas de constater historiquement les choses : il faut voir le Ressuscité, et cela seule la foi peut le faire.

Sans la Résurrection, la naissance de l’Église est inexplicable

Si l‘on veut nier le caractère historique, c’est-à-dire le caractère objectif et pas seulement subjectif de la résurrection, la naissance de l’Église et de la foi devient un mystère encore plus inexplicable que celui de la résurrection elle-même. L’on a remarqué à juste titre que : « L’idée que l’imposant édifice de l’histoire du christianisme soit comme une énorme pyramide placée en équilibre sur un fait insignifiant est certainement moins crédible que l’affirmation selon laquelle l’événement dans son ensemble – c’est-à-dire l’état de fait et la signification inhérente à cet état de fait – ait réellement occupé une place dans l’histoire comparable à celle que lui attribue le Nouveau Testament ».

Il est bien difficile de proposer une alternative plausible à la Résurrection

Bien entendu, les arguments donnés ne constituent pas une preuve indiscutable de la résurrection. Mais, avec William Lane Craig (déjà cité), on peut constater qu’il est bien difficile d’expliquer « rationnellement » les faits les plus marquants – le tombeau vide, les apparitions de Jésus après sa mort et l’origine de la foi chrétienne – et de proposer une alternative plausible à la résurrection. Il écrit dans Reasonable faith : « Ceux qui refusent d’accepter la résurrection comme un fait historique avouent qu’ils n’ont simplement aucune explication. » Il complète par : « Aujourd’hui, on peut difficilement reprocher à un homme rationnel de croire qu’un miracle s’est produit le premier matin de Pâques. »

Mais il ne suffit pas de constater historiquement les choses : il faut voir le Ressuscité, et cela seule la foi peut le faire

Il me reste à citer saint Jean-Paul II (Fides et ratio) : « Foi et raison sont comme deux ailes qui permettent à l’esprit humain de s’élever vers la contemplation de la vérité. ». Comme le dit le père Raniero Cantalamessa en méditant sur les paroles des disciples d’Emmaüs : « le matin de Pâques, quelques disciples se sont rendus au sépulcre de Jésus et ont trouvé les choses comme l’avaient rapporté les femmes, qui y étaient allées avant eux, « mais lui, ils ne l’ont pas vu ». L’histoire également se rend au sépulcre de Jésus et doit constater que les choses sont comme les témoins l’ont affirmé. Mais lui, le Ressuscité, elle ne le voit pas. Il ne suffit pas de constater historiquement, il faut voir le Ressuscité et cela, l’histoire ne peut le donner, seule la foi peut le faire ». Dieu préfère certainement la foi à la preuve (même si l’un n’empêche pas l’autre !) et le plus important est évidemment d’être réceptif au message d’amour de Jésus !

d'après Bernard Legras - aleteia.org


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