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LES CONCILES DE L'ÉGLISE


Les conciles (du latin "concilum" = assemblée) œcuméniques (du grec "oikouménê" = univers, terre habitée) ou généraux réunissent les évêques du monde entier pour arbitrer des questions relatives à la doctrine ou à la discipline ; ils obéissent à un ordre du jour précis.

 

On distingue les conciles œcuméniques et les conciles particuliers.

  • Les conciles généraux ou œcuméniques sont les assemblées de tous les évêques appartenant à une même communion ecclésiale.
  • Les conciles particuliers ne rassemblent qu'une partie des évêques ; on distingue :
    - les conciles nationaux ou pléniers, composés de tous les évêques d'un État ;
    - les conciles provinciaux, convoqués par un évêque métropolitain, où sont réunis les évêques d'une province ecclésiastique ; - les synodes (du grec "syn-odos" = chemin commun) diocésains, convoqués par l'évêque local.

Ci-dessous, la liste des 21 conciles œcuméniques: (afin de vous aider à bien comprendre certains termes, je vous invite à vous référer à l'article"les hérésies chrétiennes".)


Le Concile de Nicée I

 

Le concile de Nicée I, convoqué et présidé par l’empereur Constantin, est le premier concile œcuménique. Il se déroule du 20 mai au 25 juillet 325.

 

Ce premier concile convoqua 250 évêques, appelés "pères conciliaires" pour arbitrer le conflit arien sur l’identité de nature de Jésus-Christ. Principaux résultats (canons) de ce concile :

  • – Le symbole de Nicée, qui définit le Fils comme consubstantiel au Père, sans subordination. Arius était excommunié ainsi que les idéologies de la gnose.
  • – la célébration de Pâques fut décalée au dimanche qui suit la Pâque juive. – L’évêque d’Alexandrie reçut sur l’Orient une autorité semblable à celle du Pape de Rome, mais cependant inférieure (telle fut l’origine des divers patriarcats).

 Dans le débat dogmatique, le rôle le plus important est joué par l’évêque occidental Hosius de Cordoue. Le concile condamne Arius et affirme que le Fils de Dieu est consubstantiel au Père, autrement dit de nature semblable. Athanase (v. 295-373) s’oppose à Arius par la doctrine homoousienne (de "homoousios" : consubstantiel) et précise : « Le Père étant la source, le Fils est appelé le fleuve, il est dit que nous buvons l’Esprit ». 

 

Condamnation des idéologies de la gnose.

 

Les pères conciliaires adoptent le fameux symbole : « Je crois en un seul Dieu, Père tout-puissant, créateur de toutes les choses visibles et invisibles, et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père, c’est-à-dire de la substance (ousia) du Père, Dieu de Dieu, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré et non fait, consubstantiel (homoousios) à son Père, par qui tout a été fait, aussi bien ce qui est au ciel que ce qui est sur la terre ; qui est descendu du ciel pour l’amour qu'il nous porte et pour notre salut ; qui s’est incarné ; qui s’est fait homme, a souffert et est ressuscité le troisième jour, est monté aux cieux et viendra pour juger les vivants et les morts ; et en l’Esprit saint. »

Le concile ajoute: « Mais ceux qui disent qu’il y eut un temps où il (le Fils) n’était pas, qu’avant de naître, il n’était pas et qu’il a été créé du néant, ou qui disent qu’il est d’une autre substance (hypostasis) ou d’une autre essence (ousia), ou que le Fils de Dieu est soumis au changement ou à l’altération, l’Eglise catholique et apostolique les frappe d’anathème. »

 

Le concile décide de rebaptiser les paulianistes ou pauliniens, sectateurs de Paul de Samosate (11e canon). Il condamne le schisme mélétien (du nom de Mélitios ou Meletios, évêque de Lycopolis qui contestait le pouvoir de Pierre, l'évêque d'Alexandrie, sur l'ensemble de l'Egypte chrétienne). Il condamne Elien qui dit que "le Verbe est entré par l’oreille de Marie". L’accès du sacerdoce est interdit aux eunuques. Après son ordination un prêtre ne peut plus se marier. Paphnuce (+360), évêque en Thébaïde (Egypte), très estimé de l'empereur Constantin, convainc les évêques à ne pas obliger les prêtres mariés à quitter leur épouse. La date de Pâques est fixée au dimanche, à un jour distinct de la fête juive.

 


Le Concile de Constantinople I

 

Le concile de Constantinople I, deuxième concile œcuménique (bien qu’aucun évêque latin n’y soit convoqué ni présent) qui se déroule de mai au 30 juillet 381, confirme celui de Nicée et définit la divinité de l’Esprit-Saint qui, avec le Père et le Fils, forment la Trinité.

 

Cent cinquante évêques participèrent au concile. Principaux résultats :

  • – Condamnation comme hérétiques de plusieurs sectes, notamment les ariens (à nouveau) et les manichéens.
  • – Achève la rédaction du credo, notamment en définissant le Saint-Esprit comme consubstantiel au Père et au Fils
  • – Affirmation du dogme de la Trinité, composée de trois Personnes d’égale dignité : le Père, le Fils et le Saint-Esprit .
  • – Le canon 3 du concile déclare que l’évêque de Constantinople vient en second après l’évêque de Rome dans l’ordre de préséance.

Le concile déclare ce Credo: « Nous croyons en un Dieu, Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, de toutes les choses visibles et invisibles ; et en un Seigneur Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu, engendré du Père avant tous les siècles, lumière de lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, engendré, non créé, consubstantiel [homoousios] au Père, par qui tout a été fait ; qui pour nous, les hommes, et pour notre salut, est descendu des cieux, par le Saint Esprit s’est incarné de la Vierge Marie, et s’est fait homme ; il a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate ; a souffert ; a été enseveli, est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures, est monté aux cieux ; il siège à la droite du Père et il reviendra en gloire juger les vivants et les morts ; son règne n’aura pas de fin ; et en l’Esprit Saint, le Seigneur, qui vivifie, qui procède du Père et qui avec le Père et le Fils est conjointement adoré et glorifié. Et en une seule Eglise sainte, catholique et apostolique. Nous confessons un baptême pour la rémission des péchés. Nous attendons la résurrection des morts et la vie du siècle à venir. »

 

Une lettre dogmatique, contenant une exposition de la foi sur la Trinité et sur l’Incarnation, est envoyée aux Occidentaux qui tiennent concile à Rome, par les pères conciliaires. Le 3e canon précise que l'évêque de Constantinople vient en second après celui de Rome, le Pape. Les macédoniens (ou pneumatomaques) que l’empereur Théodose a fait venir à Constantinople, dans l’espoir de les faire rentrer dans le giron de l’Église, déclarent qu’ils préfèrent confesser la doctrine des ariens que d’embrasser la consubstantialité et quittent le concile qui les anathémise comme hérétiques.

 

Le concile condamne aussi les hérésies des eunoméens ou anoméens, des sabelliens, des marcelliens (la formule "et son règne n’aura pas de fin" est incluse dans le Credo en opposition à la doctrine de Marcel d’Ancyre [+ vers 374] selon laquelle le Fils de Dieu avait commencé d’exister à partir de sa naissance humaine et que son règne cesserait avec la fin du monde), des photiniens (Photin, ancien évêque de Sirmium (Illyrie), nie la Trinité et prétend que Jésus-Christ était simplement un homme) et des apollinaristes.

 

Le 4e canon porte que Maxime le Cynique (de Constantinople) n’a jamais été et n’est point évêque ; que ceux qu’il a ordonnés, en quelque rang du clergé que ce soit, n’y doivent point être comptés ; et que tout ce qui a été fait ou pour lui ou par lui est sans effet.

 

7e canon : « Les ariens, les macédoniens, les novatiens qui se nomment eux-mêmes cathares ou aristhères, les sabbatiens (novatiens du prêtre Sabbace qui célèbrent la Pâque selon les Juifs), les quartodécimans (parce qu’ils observent la Pâque, comme les Juifs, le quatorzième jour de la lune) et les apollinaristes, sont reçus en donnant un acte d’abjuration, et en renonçant à toute hérésie. On leur donne premièrement le sceau ou l’onction du saint chrême au front, aux yeux, aux narines, à la bouche et aux oreilles ; et en faisant cette onction, on dit : « Le sceau du don du Saint-Esprit ». Mais pour les eunoméens, qui sont baptisés par une seule immersion, les montanistes ou phrygiens, les sabelliens et les autres hérétiques, principalement ceux qui viennent de Galatie, nous les recevons comme des païens. Le premier jour nous les faisons chrétiens, le second catéchumènes ; le troisième nous les exorcisons, après leur avoir soufflé trois fois sur le visage et sur les oreilles. Ainsi nous les instruisons, nous les tenons longtemps dans l’Église à écouter les Écritures ; et enfin nous les baptisons. »  Cyrille est finalement reconnu comme évêque légitime de Jérusalem par le concile.


Le Concile d’Éphèse

 

7 juin 431 : jour de la Pentecôte, ouverture théorique du concile Éphèse, troisième concile œcuménique, convoqué le 19 novembre 430 par Théodose II pour résoudre la controverse suscitée par la doctrine hérétique du nestorianisme.

 

Ce Concile rassembla près de 200 évêques pour résoudre la controverse suscitée par la doctrine hérétique de Nestorius, patriarche de Constantinople (nestorianisme). Sous la direction de saint Cyrille, patriarche d’Alexandrie, le concile déclare que Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, a deux natures (l’une humaine et l’autre divine) réunies en une seule personne. Par extension, le concile approuve le titre de « mère de Dieu » accordé à Marie. Il démet Nestorius de ses fonctions et condamne sa doctrine.

 

 

Lundi 22 juin : ouverture réelle du concile, première session. Avant même que les évêques retardataires de Syrie, d’Italie et de Sicile n’arrivent, le concile, dirigé par Cyrille, excommunie Nestorius (qui a refusé de comparaître) : « Le saint concile assemblé par la grâce de Dieu et l’ordonnance de nos très pieux empereurs, à Nestorius, nouveau Judas : Sache que pour tes dogmes impies et ta désobéissance aux canons, tu as été déposé par le saint concile, suivant les lois de l’Église, et déclaré exclu de tous degrés ecclésiastiques, le vingt-deuxième jour du présent mois de juin. » Le concile condamne la deuxième lettre de Nestorius à Cyrille. Il approuve la 2e Lettre de Cyrille à Nestorius, dans laquelle il est écrit : "Voici ce qu’enseigne la doctrine de la foi plus sûre, ce qu’avaient retenu les saints Pères : en effet ils n’ont pas craint d’appeler la sainte Vierge "Theotokos" (Mère de Dieu), non pas en ce sens que la nature du Verbe et sa divinité ait eu de la sainte Vierge le début de son origine, mais qu’en ayant tiré d’elle ce corps sacré perfectionné par l’âme intelligente à qui il était uni selon l’hypostase, se déclare né selon la chair." 

 

Les 12 anathèmes, avec leur lettre d'explication écrits par Cyrille lors d'un concile à Alexandrie le 3 novembre 430 et envoyés à Nestorius, pour lui déclarer que « si, dans le terme fixé par le Pape, c’est-à-dire dans les dix jours après la réception de cette lettre, il ne renonce à ses erreurs, ils ne voudront plus avoir de communion avec lui et ne le tiendront plus pour évêque » (la lettre a été remise à Nestorius le 30 novembre), sont lus et inclus dans les actes :

  1. «Si quelqu’un ne confesse pas que l’Emmanuel est véritablement Dieu, et la sainte Vierge mère de Dieu par cela même, puisqu’elle a engendré selon la chair le Verbe de Dieu fait chair ; qu’il soit anathème.
  2. Si quelqu’un ne confesse pas que le Verbe, qui procède de Dieu le Père, est hypostatiquement uni à la chair, et ne fait qu’un Christ avec sa propre chair, Dieu et homme tout à la fois ; qu’il soit anathème.
  3. Si quelqu’un divise les hypostases du Christ après l’union des deux natures, ne les supposant unies l’une à l’autre qu’en dignité, c’est-à-dire en autorité et en puissance, et non par une union physique ; qu’il soit anathème.
  4. Si quelqu’un rapporte à deux personnes ou à deux hypostases distinctes, ce que les évangélistes et les apôtres rapportent avoir été dit de Jésus-Christ, soit par les saints, soit par lui-même, et en applique une partie à l’homme considéré séparément d’avec le Verbe de Dieu, et l’autre partie au Verbe de Dieu séparé de l’homme ; qu’il soit anathème. 5. Si quelqu’un dit que Jésus-Christ est un homme qui porte Dieu, et non pas plutôt un Dieu véritable, Fils unique de Dieu par sa nature, le Verbe fait chair, devenu semblable à nous par la chair et par le sang ; qu’il soit anathème.
  5. Si quelqu’un ose dire que le Verbe procédant de Dieu le Père est le Dieu ou le maître du Christ au lieu de le reconnaître Dieu et homme tout à la fois, puisque le Verbe s’est fait chair selon les Écritures ; qu’il soit anathème.
  6. Si quelqu’un dit que Jésus, en tant qu’homme, a été conduit par le Verbe de Dieu, et revêtu de la gloire qui convient au Fils unique, comme s’il était lui-même une personne différente ; qu’il soit anathème.
  7. Si quelqu’un ose dire que l’homme que le Verbe a élevé à lui doit être adoré, glorifié et appelé Dieu avec lui, comme avec une personne autre que lui-même ; car en disant avec, on donne à penser cette dualité ; au lieu d’honorer l’Emmanuel par une seule adoration, et de lui rendre un seul hommage, comme au Verbe fait chair ; qu’il soit anathème.
  8. Si quelqu’un dit que notre unique Seigneur Jésus-Christ a été glorifié par l’Esprit-Saint, comme ayant reçu de lui une vertu qu’il n’avait pas de lui-même, pour chasser les esprits impurs et opérer des miracles sur les hommes, au lieu de dire que l’esprit par lequel il accomplissait ces prodiges était le sien propre ; qu’il soit anathème.
  9. La divine Écriture enseigne que le Christ est devenu le pontife et l’apôtre de notre foi, et qu’il s’est offert pour nous à Dieu le Père en odeur de suavité. Si donc quelqu’un dit que ce n’est pas le Verbe de Dieu lui-même qui est devenu notre pontife et notre apôtre, quand il s’est fait chair et qu’il a pris notre ressemblance, mais un homme né de la femme et autre que le Verbe ; ou si quelqu’un dit qu’il a offert pour lui-même son sacrifice, au lieu de l’offrir pour nous seuls, puisque, ne connaissant pas le péché, il n’avait pas besoin de sacrifice ; qu’il soit anathème.
  10. Si quelqu’un refuse de confesser que la chair de notre Seigneur est vivifiante, comme étant la chair du Verbe lui-même Fils de Dieu, mais la considère comme la chair d’une personne autre que le Verbe, unie seulement au Verbe par l’excellence de son mérite, ou comme un temple dans lequel le Verbe divin a daigné habiter, au lieu de la considérer comme la chair du Verbe qui a la vertu de tout vivifier, et vivifiante, ainsi que nous l’avons dit, par cela même ; qu’il soit anathème.
  11. Si quelqu’un ne confesse pas que le Verbe de Dieu a souffert selon la chair, a été crucifié selon la chair, a enduré la mort selon la chair, et est devenu le premier-né d’entre les morts, en tant qu’il est la vie et qu’il la donne comme Dieu ; qu’il soit anathème. »

Samedi 27 juin : dès leur arrivée, Jean d’Antioche et les évêques syriens s’élèvent contre la décision irrégulière prise en leur absence le 22. Finalement, le concile déclare Cyrille et Memnon déposés de leur dignité, comme auteurs du trouble et à cause du sens hérétique des anathématismes de Cyrille, et excommunient les évêques du même parti qui sont roués de coups. 

 

29 juin : Théodose écrit au concile pour témoigner son mécontentement ; il déclare qu’il "ne veut pas qu’on ait aucun égard à ce qui s’est fait jusqu’alors et ordonne qu’aucun évêque ne sorte d’Éphèse jusqu’à ce que les dogmes de la religion soient examinés par tout le concile". 

 

10 juillet : quand arrivent les légats du Pape, Arcadius, Projectus et Philippe, que les tempêtes et divers autres accidents ont retardés, le concile se réunit de nouveau, les légats prennent connaissance des procès-verbaux de la séance du 22 juin et donne lecture d’une lettre du Pape Célestin Ier (422-432) qui écrit avoir envoyé ses trois légats "pour faire exécuter ce qu’il a ordonné l’année précédente dans le concile de Rome". 

 

11 juillet : les légats demandent lecture des actes du 22 juin, le concile confirme la condamnation et la déposition de Nestorius. 

 

17 juillet : excommunication de Jean d’Antioche et de ses partisans. Une lettre encyclique du Concile, concernant la condamnation de Jean d'Antioche, est envoyée à tous les évêques, prêtres et laïcs. 

 

22 juillet : le concile anathématise "tous ceux qui diraient qu’il y a eu un temps où le Fils de Dieu n’était point, et qu’il est fait de rien ou de quelque substance créée".

 

31 juillet : dernière session.  Début août, arrive à Éphèse, envoyé par Théodose, le comte Jean, porteur d’une lettre de l’empereur qui dépose Nestorius, Cyrille et Memnon (lesquels sont mis en état d’arrestation), dissout le concile et renvoie les évêques chez eux. Cyrille et Memnon restent déchus de l’épiscopat (Cyrille cependant est rentré à Alexandrie). Nestorius, remplacé sur le siège de Constantinople par Maximien (25 octobre 431) et relégué dans son monastère d’Antioche, est finalement envoyé en exil, d’abord en Arabie, puis en Egypte, dans la grande oasis d'Al-Kharga, où il meurt en 451. Le 23 avril 433, la Formule doctrinale d'union marque la réconciliation entre Cyrille et Jean d'Antioche.

 


Le Concile Chalcédoine

 

Le concile de Chalcédoine, quatrième concile œcuménique (630 pères, 17 sessions), est réuni du 8 octobre au 1er novembre 451, par l’empereur d’Orient Marcien, en accord avec le Pape Léon I (440-461)

 

Objectif : annuler les décisions d’un prétendu synode tenu à Éphèse en 449 et mettre un terme à la controverse monophysiste. Quelques six cents évêques participèrent aux dix-sept sessions du Concile, qui dura près d'un mois. Le concile condamna le monophysisme (soutenu par le faux synode), doctrine d’Eutychès selon laquelle Jésus-Christ n’aurait possédé qu’une seule nature, divine, et n’aurait pas de nature humaine. La définition chalcédonienne, fondée sur la formulation du Pape Léon et les lettres synodales de saint Cyrille d’Alexandrie à Nestor, affirma que le Christ possède une nature à la fois divine et humaine, inséparables en Lui.

 

Le concile renouvelle la condamnation du nestorianisme (selon lequel il existe deux personnes dans le Christ) et affirme la double nature (humaine et divine) de Jésus, homme et Fils de Dieu. Il rejette l’eutychianisme, également appelé monophysisme, selon lequel Jésus-Christ n’aurait possédé qu’une seule nature, divine, et n’aurait pas de nature humaine et le docétisme, doctrine selon laquelle le Christ, au cours de sa vie terrestre, n’avait pas un corps réel mais seulement un corps apparent, comme celui d’un fantôme. 

 

Le concile définit l’incarnation comme "deux natures, une personne", formule devenue classique dans l’orthodoxie chrétienne. Cette définition est fondée sur la formulation du Pape Léon dans son Tome à Flavien, évêque de Constantinople, et les lettres synodales de Cyril d’Alexandrie à Nestor. Le Christ est une personne, mais il possède deux natures (humaine et divine) unies entre elles "sans confusion ni changement, sans division ni séparation". Les propriétés de chacune de ces natures restent sauves, mais appartiennent à une seule personne ou "hypostase". Probablement pour des problèmes de traductions mais surtout pour des raisons politiques, les Églises copte, éthiopienne, syrienne et arménienne, qui refusent la mainmise du Patriarcat de Constantinople, n’acceptent finalement pas cette définition. 

 

Le concile promulgue 28 canons régissant la discipline et la hiérarchie ecclésiastique ainsi que la conduite cléricale. Le concile décrète notamment que : « Ceux qui sont entrés dans la cléricature ou qui se sont faits moines, ne doivent plus prendre du service dans l’armée ou accepter une charge civile ; sinon ceux qui ont osé le faire et ne s’en repentent pas de manière à revenir à ce qu’ils avaient auparavant choisi pour l’amour de Dieu doivent être anathématisés. » (7e canon) 

 

Alexandrie se considère comme la première Eglise, de la chrétienté et son patriarche prend le titre de pape des Coptes, reniant ainsi la primauté de l'évêque de Rome. Le schisme de 451 est à l’origine de la fondation des Eglises non-chalcédoniennes :

  • - l’Église apostolique arménienne (liturgie en arménien),
  • - l’Église syriaque (ou syrienne) orthodoxe (Syrie, Liban, Turquie, Israël, Inde, diaspora ; liturgie en syriaque),
  • - l’Église malankare orthodoxe syrienne ou Eglise syro-malankar orthodoxe (Inde : Kerala),
  • - l’Église copte orthodoxe : patriarcat d’Alexandrie, Église orthodoxe d’Erythrée, diaspora (liturgie en copte et en arabe),
  • - l’Église éthiopienne orthodoxe ou Église abyssinienne d’Éthiopie (Ethiopie, liturgie en guèze et en amharique),
  • - l’Eglise assyrienne de l’Orient ou Église syrienne occidentale ou encore Eglise jacobite [parce que organisée par Jacob Baradaï ou Jacques Baradée de Tella (500-578)] : Inde, Liban, Irak, diaspora.

Le Concile Constantinople II

 

Le deuxième concile de Constantinople, 5e concile œcuménique, est réuni sur ordre de Justinien du 4 mai au 2 juin 553. Il est ouvert en l’absence du Pape Vigile (537-555) qui, retenu dans la ville, refuse d’y prendre part ainsi que la grande majorité des évêques d’Occident : Vigile est exilé par l’empereur dans une île de la mer de Marmara. Le concile compte 150 évêques, tous orientaux, à l’exception de 6 Africains.

 

Contre le nestorianisme. Objectif : étudier les Trois Chapitres des nestoriens, tirés de trois ouvrages de théologiens grecs (Théodore de Mopsueste, Théodoret de Cyr et Ibas d’Édesse). Le concile condamna les Trois Chapitres et jeta l’anathème sur leurs auteurs. Il réaffirme l’union hypostatique des deux natures, divine et humaine, dans le Christ.

 

Il réaffirme la double nature dans l’unique personne du Christ (à la fois homme et Dieu), condamne les thèses nestoriennes et origénistes (l’idée d’un salut final de Satan est tenue pour hérétique et condamnée, car Satan n’a pas été rejeté par Dieu : il s’est au contraire séparé de lui ; Dieu ne peut pardonner à qui ne demande pas le pardon).  Le concile anathématise les noms d’Origène et d’Evagre le Pontique : « Si quelqu’un dit que les Vertus célestes, tous les hommes, le diable, les Puissances du mal seront unis pareillement au Dieu Verbe et de la même manière que Christ, qu’il soit anathème. » Il condamne également chez Didyme l’Aveugle, certaines doctrines origénistes qu’il professait : préexistence des âmes et "restauration" finale de tous les êtres, y compris les anges déchus et les pécheurs, dans leur condition originelle de purs esprits. 

 

Le Pape Vigile adresse à l’empereur son Constitutum (14 mai), qui condamne à nouveau le nestorianisme, frappe d’anathème les écrits de Théodore de Mopsueste, mais refuse d’anathématiser Théodoret et Ibas ; il explique que ces deux évêques ayant été reconnus orthodoxes par le concile de Chalcédoine, il n’est pas permis d’imprimer une flétrissure à leur mémoire, et qu’il suffit de condamner en général les écrits et les propositions favorables aux nestoriens ou aux eutychéens, sans toutefois condamner nommément des évêques morts dans la communion de l’Église) ; il interdit d’enseigner, au sujet des Trois Chapitres, quoi que ce soit de contraire à ce Constitutum (Les Trois Chapitres sont trois groupes de textes : les écrits de Théodore de Mopsueste, les anathématismes que Théodoret de Cyr a opposés à ceux de Cyrille et la lettre à Maris attribuée à Ibas d’Édesse). Vigile est déposé le 26 mai, sans être excommunié toutefois, et Justinien demande au concile de rayer des diptyques (listes, lues à la liturgie, des évêques avec lesquels on est en communion) le nom du Pape, tout en prétendant rester en communion avec le Siège apostolique: subtile distinction entre le Siège et celui qui l’occupe (inter Sedem et sedentem)

 

Le 2 juin, le concile conclut par 14 anathématismes contre les nestoriens et les eutychéens, reproduisant une profession de foi publiée par Justinien en 551 et reprenant la doctrine des conciles d’Éphèse et de Chalcédoine, mais condamnant expressément "les Trois Chapitres", ainsi que les "impiétés" de Théodore de Mopsueste, Théodoret et Ibas : 

  1. "Si quelqu’un ne confesse pas que la nature ou substance divine est une et consubstantielle en 3 personnes, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ; qu’il soit anathème.
  2. Si quelqu’un ne confesse pas dans le Verbe de Dieu deux naissances, l’une incorporelle par laquelle il est né du Père avant tous les siècles, l’autre selon laquelle il est né dans les derniers temps de la vierge Marie, Mère de Dieu ; qu’il soit anathème.
  3. Si quelqu’un dit que ce n’est pas le même Christ-Dieu-Verbe, né de la femme, qui a fait des miracles et qui a souffert ; qu’il soit anathème.
  4. Si quelqu’un ne confesse pas que la chair a été substantiellement unie à Dieu le Verbe et qu’elle était animée par une âme raisonnable et intellectuelle ; qu’il soit anathème.
  5. Si quelqu’un dit qu’il y a deux substances ou deux personnes en Notre-Seigneur Jésus-Christ, et qu’il ne faut en adorer qu’une seule, comme l’ont écrit follement Théodore et Nestorius ; qu’il soit anathème.
  6. Si quelqu’un ne confesse pas que la sainte Vierge est véritablement et réellement Mère de Dieu, qu’il soit anathème.
  7. Si quelqu’un ne veut pas reconnaître que les deux natures ont été unies en Jésus-Christ, sans diminution, sans confusion, mais que par ces deux natures il entende deux personnes ; qu’il soit anathème.
  8. Si quelqu’un ne confesse pas que les deux natures ont été unies en Jésus-Christ en une seule personne ; qu’il soit anathème.
  9. Si quelqu’un dit que nous devons adorer Jésus-Christ en deux natures, ce qui serait introduire deux adorations que l’on rendrait séparément à Dieu le Verbe et séparément aussi à l’homme ; et qu’il n’adore pas par une seule adoration le Verbe de Dieu incarné avec sa propre chair, ainsi que l’Église l’a appris dès le commencement par tradition ; qu’il soit anathème.
  10. Si quelqu’un nie que Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui a été crucifié dans sa chair, soit vrai Dieu, Seigneur de gloire, l’un de la Trinité ; qu’il soit anathème.
  11. Si quelqu’un n’anathématise pas Arius, Eunomius, Macedonius, Apollinaire, Nestorius, Eutychès, Origène, avec tous leurs écrits impies ; qu’il soit anathème.
  12. Si quelqu’un défend l’impie Théodore de Mopsueste ; qu’il soit anathème.
  13. Si quelqu’un défend les écrits impies de Théodoret, qu’il soit anathème.
  14. Si quelqu’un défend la lettre que l’on dit avoir été écrite par Ibas à Maris ; qu’il soit anathème".

Malade, isolé, le Pape cède et donne son adhésion à cette condamnation par sa lettre du 8 décembre adressée au patriarche Eutychius. Le 23 février 554, dans une nouvelle constitution, Vigile rapporte d’abord la définition de foi du concile de Chalcédoine et la lettre de Léon à Flavien ; mais, après avoir soigneusement exposé les erreurs des Trois chapitres, il prononce l'anathème contre Théodore de Mopsueste et ses écrits et condamne les écrits de Théodoret contre Cyrille et la lettre à Maris.


Le Concile Constantinople III

 

Le troisième concile de Constantinople, sixième concile œcuménique, dit "in Trullo" car tenu dans la salle de la Coupole (en grec "trullos" et réuni par Constantin IV Pogonat (avec le plein accord du Pape Agathon), se tient du 7 novembre 680 au 16 septembre 681. Il condamne le monothélisme, une doctrine qui prétendait que Jésus-Christ n’avait qu’une seule volonté, la volonté divine, même s’il avait deux natures (humaine et divine).

 

Le concile confirme celui de Chalcédoine (451), condamne la doctrine monophysite ainsi que la doctrine monothélite de l’empereur Héraclius Ier (le Christ a 2 natures mais une seule volonté) et à laquelle le Pape Honorius Ier (625-638) a donné son accord (après avoir été faussement informé de cette doctrine par Sergius). Il affirme la double volonté dans la personne du Christ (le Christ possède une volonté divine et une volonté humaine). Le futur Pape Jean V (685-686), délégué au concile par Agathon (678-681), remplit un rôle remarquable qui le rend illustre en tant que penseur et théologien. Les Pères du concile lisent le message d'Agathon qui réfute l'hérésie monothéliste et déclarent : "Pierre a parlé par la bouche d'Agathon." Le concile condamne Sergius, Cyrus d’Alexandrie, Pyrrhus, Paul, Pierre, Théodore de Pharan, Macaire d’Antioche et Etienne son disciple, tous infectés des erreurs des monothélites, mais encore le Pape Honorius, disant avoir trouvé dans sa lettre à Sergius, qu’il suivait en tout son erreur et qu’il autorisait sa doctrine impie. Macaire d’Antioche, convaincu d’avoir corrompu la doctrine des Pères, est déclaré déchu de toute dignité et fonction sacerdotale. Étienne, disciple de Macaire, persévérant dans l’erreur de son maître, est chassé de l’assemblée.

 

Polychrone, prêtre et moine, accusé de soutenir les erreurs de Macaire, est dépouillé de tout rang et de toute fonction sacerdotale et anathématisé. Constantin, prêtre de l’église d’Apamée, métropole de la seconde Syrie, "avoue que Jésus-Christ avait eu une volonté humaine naturelle depuis sa naissance jusqu’à la croix, mais il soutient que depuis sa résurrection il n’en avait plus, et que s’étant alors dépouillé de sa chair mortelle et de toutes les faiblesses, il avait quitté sa volonté humaine avec la chair et le sang. Il ajoute qu’il a appris cette doctrine de Macaire d’Antioche". Le concile, ne pouvant lui persuader de changer de sentiment, lui dit anathème et à ses dogmes, et le fait chasser de l’assemblée.  Le concile "dit anathème au discours de Mennas (archevêque de Constantinople) à Vigile (Pape), à ceux de Vigile à Justinien et à Théodora, à quiconque les avait fabriqués ou écrits, à tous ceux qui avaient falsifié les actes du cinquième concile (deuxième concile de Constantinople), enfin à ceux qui ont enseigné, qui enseignent ou enseigneront une seule volonté et une seule opération en Jésus-Christ". 

 

Les pères lancent l'anathème sur l'Islam, le Coran, le Prophète de l'Islam et la umma.  Agathon étant mort le 10 janvier 682, avant le retour de ses légats en juillet, c’est son successeur, le Pape Léon II (682-683), qui ratifie les décrets conciliaires qu'il traduit en latin et envoie aux évêques d'Espagne. Il anathématise tous ceux que le concile a anathématisés, nommément "Honorius, Macaire, Étienne, Polychrone et Epiphane, renvoyés au jugement du Pape par l’empereur, sont enfermés dans divers monastères, parce qu’ils ne veulent point abjurer leurs erreurs."


Le Concile de Nicée II

 

Le deuxième concile de Nicée, septième concile œcuménique, organisé par la régente Irène (au nom de son fils Constantin et au sien) et le patriarche de Constantinople Tarasios, se déroule du 24 septembre au 23 octobre 787. Les deux légats du Pape, Pierre, archiprêtre de l’Église romaine, et Pierre, prêtre et abbé du monastère de Saint-Sabas de Rome, sont nommés les premiers dans les actes du concile, comme représentant le Pape Adrien Ier (772-795).

 

Il attira plus de 370 évêques, byzantins pour la plupart, pour trancher la question de l’iconoclasme. La crise iconoclaste opposait alors deux conceptions théologiques à propos des images du Christ : selon les iconoclastes (en grec : « ceux qui brisent les images », c’est-à-dire les icônes du Christ, de la Vierge et des saints), les images étaient nécessairement hérétiques, puisqu’elles séparaient ou confondaient les deux natures humaine et divine du Sauveur. Leurs opposants, les iconodules, considèrent les icônes comme des signes visibles de la sanctification de la matière rendue possible par l’incarnation du Christ. Contre les iconoclastes, et tout en se montrant clément envers eux, le concile reconnut le bien-fondé de la vénération des images et ordonna leur rétablissement dans toutes les églises de l’Empire romain.

 

Le concile reconnaît la légitimité du culte des images. On lit un passage de la lettre du Pape Adrien à Constantin et à Irène, dans lequel l’évêque de Rome établit le culte des images, prétendant que l’Église romaine l’a reçu par tradition de saint Pierre. L’iconoclasme est condamné comme hérésie : « Les iconoclastes n’ont fait qu’imiter les Juifs, les Sarrasins, les païens, les manichéens, et quelques autres hérétiques ». (5e session) 

 

Le décret touchant les images est conçu en ces termes : "Ayant employé tout le soin et l’exactitude possible, nous décidons que les saintes images, soit de couleur, soit de pièces de rapport, ou de quelque autre matière convenable, doivent être exposées, comme la figure de la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ, tant dans les églises, sur les vases et les habits sacrés, sur les murailles et les planches, que dans les maisons et dans les chemins : c’est à savoir l’image de Jésus-Christ, de sa sainte mère, des anges et de tous les saints ; car plus on les voit souvent dans leurs images, plus ceux qui les regardent sont excités au souvenir et à l’affection des originaux. On doit rendre à ces images le salut et l’adoration d’honneur, non la véritable latrie que demande notre foi, et qui ne convient qu’à la nature divine. Mais on approchera de ces images l’encens et le luminaire, comme on en use à l’égard de la croix, des Évangiles et des autres choses sacrées ; le tout suivant la pieuse coutume des anciens : car l’honneur de l’image passe à l’original ; et celui qui vénère l’image vénère le sujet qu’elle représente (qui n'est pas une acte d'adoration, celle-ci est exclusivement réservée à Dieu). Telle est la doctrine des saints Pères, et la tradition de l’Église catholique, répandue partout. Nous suivons ainsi le précepte de saint Paul, en retenant les traditions que nous avons reçues. Ceux donc qui osent penser ou enseigner autrement ; qui abolissent, comme les hérétiques, les traditions de l’Église ; qui introduisent des nouveautés, qui ôtent quelque chose de ce que l’on conserve dans l’église, l’Évangile, la croix, les images, ou les reliques des saints martyrs ; qui profanent les vases sacrés, ou les vénérables monastères : nous ordonnons qu’ils soient déposés, s’ils sont évêques ou clercs ; et excommuniés, s’ils sont moines ou laïques." (7e session) 

 

Le concile réaffirme la présence réelle du Christ dans l’eucharistie : « Il est évident que le Seigneur, ni les apôtres, ni les Pères n’ont jamais parlé de figure ; mais ils ont dit que l’eucharistie contient le corps même et le sang de Jésus-Christ »

 

« Vu que certains sectateurs de la religion juive dans leur erreur ont imaginé de se moquer du Christ notre Dieu, feignant d’être chrétiens et reniant le Christ en secret, en gardant en cachette le sabbat et accomplissant d’autres rites de la religion juive : nous ordonnons qu’on n’admette de telles gens ni à la communion, ni aux offices, ni à l’Église, mais qu’ils restent juifs selon leur propre religion, et qu’ils ne fassent point baptiser leur enfant, ni n’achètent ou possèdent un esclave. Si cependant quelqu’un d’entre eux se convertit d’une foi sincère et confesse le christianisme de tout cœur, dévoilant publiquement leurs coutumes et leurs rites, au point de reprendre et corriger d’autres personnes, celui-là qu’on le reçoive et qu’on baptise lui et ses enfants et qu’on s’assure qu’ils ont renoncé aux manières de vivre juives ; s’il n’en est pas ainsi, qu’on ne les reçoive point ». (8e canon) 

 

« Tous ces hochets enfantins et transports de furie bachique, que sont les pseudo-traités écrits contre les vénérables images, doivent être remis à l’évêché de Constantinople, pour qu’ils soient déposés avec le reste des livres hérétiques. S’il s’en trouve quelqu’un qui les garde en les cachant, si c’est un évêque ou un prêtre ou un diacre, qu’il soit déposé ; si c’est un laïc ou un moine, qu’il soit excommunié ». (9e canon)

 

Le patriarche Tarasios écrit au Pape Adrien pour lui rendre compte de ce qui s’est passé au concile : le Pape Adrien approuve et confirme. Les évêques des Gaules refusent cependant d’accepter ce concile, parce que les évêques d’Occident n’y ont pas pris part puisqu’ils n’y ont pas même été invités (il ne s’y est trouvé d’occidentaux que les légats du Pape) et parce que l’usage des Gaules est, il est vrai, d’avoir des images, mais non de leur rendre un culte. Charlemagne donne commission à quelques-uns d’entre eux de faire un recueil de ce que les saints Pères ont dit sur ce sujet. Cette compilation parait en 790, divisée en quatre livres appelés Livres Carolins. Deux ans après, Charlemagne l’adresse au Pape Adrien en le priant de répondre aux questions soulevées par les évêques des Gaules. Le Pape y répond article par article et montre que les Pères de Nicée ne se sont pas écartés de l’ancienne tradition de l’Église romaine ; mais ses réponses ne font point changer de sentiment aux Églises de France dont les évêques feront prendre un décret tout contraire à celui de Nicée sur le culte des images, par le concile de Francfort, en 794.


Le Concile de Constantinople IV

 

Le quatrième concile de Constantinople, huitième concile œcuménique, appelé "synode ignatien" du nom de son président (Ignace, patriarche de Constantinople), convoqué par l’empereur Basile Ier se déroule du 5 octobre 869 au 28 février 870. Le Pape Adrien II (867-872) a envoyé 2 légats.

Approuvé par le Pape, ce concile a aborda les questions suivantes :

 

  • –  La relation entre l’âme et l’esprit,
  • –  La Tradition considérée comme règle de foi. 
  • – La condamnation du schisme oriental de Photios, ce qui rétablit (provisoirement) l’entente entre Rome et Constantinople. 

Photios est amené malgré lui le 19 octobre. Il lui est reproché d’avoir chassé le patriarche Ignace pour usurper sa place et d’être l’adversaire du filioque : Credo in Spiritum Sanctum qui ex patre filioque procedit (Je crois en l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils). Photios affirme que "le filioque compromet la « monarchie » du Père : ou bien la Trinité a deux principes, le Père et le Fils, ou bien, pour la spiration de l’Esprit, le Père et le Fils se confondent dans la nature commune". (Encyclique aux Patriarches orientaux, 867) Photios, qui refuse d’abjurer, est anathématisé. On brûle un plein sac de promesses qu’il avait exigées du clergé et des laïques de toutes conditions ; les livres qu’il avait fabriqués contre le Pape Nicolas Ier, et les actes de ses conciles contre le patriarche Ignace.

 

Le canon 3 redit la légitimité du culte des images : « Nous peignons en outre des images des saints anges, comme la divine Écriture les présente par des mots ».

« Photios n’ayant jamais été évêque, toutes les ordinations qu’il a faites seront censées nulles ; et l’on consacrera de nouveau les églises qu’il a consacrées ». (4e canon)

« Anathème à Photios, pour avoir supposé de faux légats d’Orient et de faux actes contre le Pape Nicolas, et à tous ceux qui à l’avenir useront de pareilles supercheries ». (6e canon)

Le canon 11 condamne la trichotomie (l'homme est composé d'un corps, d'une âme et d'un esprit) au profit de la dichotomie (l'homme est composé d'un corps et d'une âme) : « Anathème à quiconque soutient qu’il y a deux âmes dans l’homme ».

« Le concile dépose, sans espérance de restitution, les évêques, les prêtres, les diacres et les autres clercs ordonnés par Méthodius ou par Ignace, qui demeurent obstinés dans le parti de Photios ». (25e canon)  Le concile dit encore anathème à Arius, à Macedonius, à Sabellius, à Nestorius, à Eutychès, à Dioscore, à Origène, à Théodore de Mopsueste, à Didyme, à Evagre, à Sergius, à Honorius, à Cyrus d’Alexandrie et aux iconoclastes. On reçoit ensuite les sept conciles généraux, et on y joint celui-ci, comme faisant le huitième ; puis on confirme la sentence portée contre Photios par les Papes Nicolas Ier (858-867) et Adrien II.

 

En 877, le Pape Jean VIII (872-882) acceptera la réinstallation de Photios. De novembre 879 au 13 mars 880, se tient un contre-concile appelé "concile d’union" par les orthodoxes, qui condamne toute addition au symbole de Nicée (et par là-même la mention du filioque : l’Esprit Saint procède seulement du Père et non du Fils) et réhabilite Photios.


Le Concile du Latran I

 

De mars à avril 1123, se déroule le premier concile du Latran (Latran I), neuvième concile œcuménique et premier grand concile œcuménique en Occident, assemblé par le Pape Calixte II (1119-1124). 300 évêques et 600 abbés (dont l’abbé Suger) y participent et adoptent 22 canons. À partir de ce concile, c’est le Pape qui convoque les conciles et qui les préside, éventuellement par l’intermédiaire d’un légat.

 

Le concile ratifia le concordat de Worms (1122) entre le Pape et l’empereur, contre l’investiture laïque (nomination des évêques et des abbés par les rois). Il s’efforça de lutter contre la simonie (trafic des fonctions ecclésiastiques et des actes du culte), contre le nicolaïsme (mariage des prêtres), et contre l’inféodation (aliénation de biens d’Église à une autorité).

 


Le Concile du Latran II

 

Le deuxième concile du Latran (Latran II), dixième concile œcuménique, réuni par le Pape Innocent II (1130-1143), rassemble 1.000 participants et se déroule du 4 au 11 avril 1139. Le concile liquida le schisme de l’antipape Anaclet II et lutta à nouveau contre le nicolaïsme.


Le Concile du Latran III

 

Le troisième concile du Latran (Latran III), onzième concile œcuménique, réuni et présidé par le Pape Alexandre III (1159-1181) réconcilié avec l’empereur Frédéric, se déroule du 5 au 19 mars 1179. Les 600 participants adoptent 27 canons.

 

Il fut provoqué par le schisme de l’antipape Calixte III. Il ratifia la Paix de Venise (1177) entre le Pape et l’empereur, et traita du mode d’élection des Papes. Il vit aussi la condamnation des cathares. Les cathares étaient les héritiers d’une vieille croyance dualiste, issue du manichéisme. Selon eux, deux puissances ou principes se livrent une lutte implacable dans le monde : d’un côté, le Bien d’où procède tout ce qui est lumière et esprit, de l’autre, le Mal d’où vient tout ce qui est matière. Pour se libérer du mal, il faut se libérer du monde, en particulier du corps.

 

Le concile décide que l’élection du Pape se fera à la majorité des 2/3 des cardinaux (canon 1). 

Le concile déclare nulles les ordinations faites par les antipapes Octavien (Victor IV), Gui de Créma (Pascal III) et Jean de Struma (Calixte III), et veut que ceux qui ont reçu d’eux des dignités ecclésiastiques ou des bénéfices, en soient privés. (Canon 2) 

Aucun ne sera élu évêque, qu’il n’ait trente ans accomplis, qu’il ne soit né en légitime mariage, et recommandable par ses mœurs et sa doctrine (canon 3). 

Défense de rien exiger pour l’intronisation des évêques ou des abbés, pour l’installation des autres ecclésiastiques ou la prise de possession des curés, pour les sépultures, les mariages et les autres sacrements, en sorte qu’on les refuse à ceux qui n’ont pas de quoi donner (canon 7). 

 

Sur les plaintes formées par les évêques que les nouveaux ordres militaires des templiers et des hospitaliers recevaient des églises de la main des laïques ; que dans les leurs ils instituaient et destituaient des prêtres à l’insu des évêques ; qu’ils admettaient aux sacrements les excommuniés et les interdits, et leur donnaient la sépulture ; qu’ils abusaient de la permission donnée à leurs frères envoyés pour quêter, de faire ouvrir, une fois l’an, les églises interdites, et d’y faire célébrer l’office divin, d’où plusieurs de ces quêteurs prenaient occasion d’aller eux-mêmes aux lieux interdits, et de s’associer des confrères en plusieurs de ces lieux, à qui ils communiquaient leurs privilèges ; le concile condamne tous ces abus, non seulement à l’égard des ordres militaires, mais de tous les autres religieux (canon 9).  Les clercs constitués dans les ordres sacrés, qui ont chez eux des femmes notées d’incontinence, les chasseront et vivront chastement, sous peine de privation de leur bénéfice ecclésiastique et de leur office. Même peine pour le clerc qui, sans une cause manifeste et nécessaire, fréquentera les monastères des filles, après la défense de l’évêque. Un laïque coupable d’un crime contre nature sera excommunié  et chassé de l’assemblée des fidèles. Si c’est un clerc, il sera ou chassé du clergé, ou enfermé dans un monastère pour y faire pénitence. (Canon 11) 

 

On défend, sous peine de privation de la sépulture ecclésiastique, les tournois ou foires, auxquels se trouvaient des soldats qui, pour montre de leur force et de leur bravoure, se battaient avec d’autres, au péril de leur âme et de leur corps. (Canon 20) 

On ordonne d’observer la trêve de Dieu, qui consistait à n’attaquer personne depuis le coucher du soleil le mercredi jusqu’au lever du soleil le lundi, depuis l’Avent jusqu’à l’octave de l’Épiphanie, et depuis la Septuagésime jusqu’à l’octave de Pâques : le tout sous peine d’excommunication. (Canon 21) 

 

On défend aux juifs et aux sarrasins d’avoir chez eux des esclaves chrétiens sous quelque prétexte que ce soit. On permet néanmoins de recevoir en témoignage les chrétiens contre les juifs, et les juifs contre les chrétiens. On ordonne de conserver les biens aux juifs convertis, avec défense, sous peine d’excommunication, aux seigneurs et aux magistrats de leur en rien ôter. (Canon 26) 

 

Nous anathématisons les hérétiques nommés cathares, patarins, publicains, albigeois et autres qui enseignent publiquement leurs erreurs, et ceux qui leur donnent protection ou retraite, défendant, en cas qu’ils viennent à mourir dans leur péché, de faire des oblations pour eux, et de leur donner la sépulture entre les chrétiens. Le concile prend acte des missions cisterciennes concernant les hérétiques albigeois et élabore les premières procédures d’inquisition épiscopale pour lutter contre eux.  Le concile ordonne de dénoncer excommuniés, dans les églises, les jours de dimanches et de fêtes, les brabançons, les cottereaux (ces cottereaux ou routiers étaient des mercenaires dont les seigneurs se servaient pour leurs guerres particulières), etc., qui portaient la désolation partout. Il permet même de prendre les armes contre eux, et reçoit ceux qui les attaqueront sous la protection de l’Église, comme ceux qui visitent le saint sépulcre. (Canon 27). 

 

Le Pape autorise Vaudès (ou Valdo), venu avec une délégation, à persévérer dans son action apostolique, à condition de ne pas prendre la parole en public sans l'autorisation du clergé locale (mais les vaudois continueront à pratiquer la prédication itinérante).  Les pères se prononcent (canons 13 et 14) contre la pratique des dîmes inféodées (dîmes intégrées aux revenus de la seigneurie).


Le Concile du Latran IV

 

Le quatrième concile du Latran (Latran IV), 12e concile œcuménique, convoqué par le Pape Innocent III (1198-1216) (bulle datée du 19 avril 1213), se déroule du 11 au 30 novembre 1215. Il accueille le patriarche maronite Jérémie de Amchite (qui déclare que l’Eglise maronite est en communion avec l’Eglise de Rome), des représentants de nombreux princes laïcs et plus de 1 200 évêques et abbés.

 

Il prolongea la lutte contre les hérésies, notamment contre les cathares. Il mit également au point une discipline des sacrements, notamment la confession, l’eucharistie et la communion annuelle. Il contribua aussi à la lutte contre l’Islam.

 

70 décrets ou canons, préparés par le Pape, sont ratifiés, notamment: - profession de foi qui contient pour la première fois la définition de la transsubstantiation dans l’Eucharistie : « Il n’y a qu’une seule Église universelle des fidèles, hors de laquelle nul n’est absolument sauvé, et dans laquelle Jésus-Christ est le prêtre et la victime, dont le corps et le sang sont véritablement dans le sacrement de l’autel sous les espèces du pain et du vin ; le pain étant transsubstantié au corps de Jésus-Christ, et le vin en son sang, par la puissance divine… » (Canon 1) ;

 

- condamnation du livre de Joachim de Flore sur la Trinité (sa pensée n’a cependant jamais été censurée dans son ensemble) et de la doctrine d’Amaury jugée "encore plus insensée qu’hérétique" : « L’abbé Joachim prétendait qu’il suivait de cette doctrine, qu’il y avait une quaternité en Dieu, savoir les trois personnes de la Trinité et leur espèce commune ; et soutenait que l’union des personnes n’est pas propre et réelle, mais seulement similitudinaire, comme celle des croyants, dont il est dit aux Actes des apôtres, qu’ils n’avaient qu’un cœur et qu’une âme ; et comme dit Jésus-Christ dans saint Jean, en parlant des fidèles à son Père : « Je veux qu’ils soient un comme nous. « Pour nous, dit le Pape, nous croyons, avec l’approbation du saint concile, et nous confessons qu’il y a une chose souveraine, qui est le Père, le Fils et le Saint-Esprit, sans qu’il y ait de quaternité en Dieu, parce que chacune de ces personnes est cette chose, c’est-à-dire la substance, l’essence ou la nature divine, qui seule est le principe de tout. Le concile déclare donc hérétiques tous ceux qui défendraient ou approuveraient la doctrine de l’abbé Joachim sur cet article. Il condamne aussi la doctrine d’Amaury qui soutenait que chaque chrétien est obligé, sous peine de privation du salut, de croire qu’il est membre vivant de Jésus-Christ » (Canon 2) ; 

 

- anathématisation et condamnation des hérétiques cathares : « Le concile prononce anathème contre toutes les hérésies (...) et ordonne que les hérétiques, après avoir été condamnés, seront livrés aux puissances séculières. Il ajoute que l’on avertira ces puissances, et qu’on les contraindra, même par censures, de prêter serment en public, qu’elles chasseront de leurs terres tous les hérétiques notés par l’Église ; que, si les seigneurs temporels négligent de le faire, ils seront excommuniés par le métropolitain et les évêques de la province » (Canon 3) ;

 

- exhortation aux Grecs « à se réunir et à se conformer à l’Église romaine, afin qu’il n’y ait qu’un pasteur et qu’un troupeau ; et l’on défend aux Grecs, sous peine d’excommunication et de déposition, de laver les autels où les prêtres latins avaient célébré, et de rebaptiser ceux qu’ils avaient baptisés » (Canon 4) ;

 

- interdiction de fonder de nouveaux ordres religieux (Canon 13) ;

 

- mesures contre les clercs incontinents, ivrognes, cupides (Canons 14 à 17) ; - « Défense aux clercs de dicter ou de prononcer une sentence de mort, ni de rien faire qui ait rapport au dernier supplice ; d’exercer aucune partie de la chirurgie où il faille employer le fer ou le feu ; de donner la bénédiction pour l’épreuve de l’eau chaude ou froide, ou du fer chaud » (Canon 18) ;

 

- obligation pour tous les fidèles de se confesser et de communier au moins une fois par an (Canon 21 : Omnis utriusque sexus) ;

 

- obligation du secret de la confession (la coutume du secret est rendue obligatoire, interdiction est faite au prêtre confesseur, mais aussi à l’interprète ou au passant ayant surpris par hasard une confession, d’en divulguer le contenu) : « Le confesseur doit aussi prendre garde de ne pas découvrir, par quelque parole ou par quelque signe, les péchés de ceux qui se confessent ; et celui qui se trouvera coupable en ce point sera déposé et enfermé dans un monastère, pour y faire pénitence le reste de ses jours » (Canon 21) ;

 

- institution de la charge de "curé" affecté à une paroisse (cura animarum) ;

 

- interdiction du mariage clandestin, publication des bans dans les églises et présence du prêtre obligatoire, interdiction d’épouser un parent en deçà du 4e degré (Canon 51),

 

- prédication dans toute la chrétienté d'une nouvelle croisade vers l’Egypte ; le bénéfice de l'indulgence plénière est étendu à ceux qui contribuent à la construction des navires croisés, dans les mêmes conditions que pour ceux qui vont combattre en Terre Sainte. Le décret conciliaire frappe d'un impôt du vingtième les revenus ecclésiastiques et du dixième les biens du Pape et des cardinaux, pendant trois ans. L'excommunication est portée contre tous ceux qui commercent avec les infidèles. Innocent III a cherché à convaincre le sultan d’Égypte de restituer Jérusalem aux chrétiens, mais la construction d’une forteresse musulmane sur le mont Thabor, qui bloque Acre, l'a décidé à prêcher la cinquième croisade (1217-1221). La bulle concernant la croisade est publiée le 14 décembre. 


Le Concile de Lyon I

 

Ce treizième concile œcuménique, présidé par le Pape Innocent IV (1243-1254) , se déroule du 26 juin au 17 juillet 1245.

 

Il s’inscrivit dans la lutte entre la papauté et le Saint Empire romain germanique. Il excommunia et tenta (sans succès) de déposer l’empereur germanique Frédéric II, adversaire redoutable par son intelligence et son cynisme. Après le concile, les empereurs abandonnèrent la prétention au caractère sacré qu’Othon et ses successeurs, fascinés par Charlemagne, avaient constamment ambitionné de se voir reconnaître. Le concile demanda également que soit défendue la Terre Sainte.

 

Le Pape déchoit l’empereur Frédéric II (+1250) : Innocent, "après en avoir soigneusement délibéré avec les cardinaux et le sacré concile, en qualité de vicaire de Jésus-Christ sur la terre, et en vertu du pouvoir de lier et de délier qu’il avait reçu dans la personne de saint Pierre", déclare "le dit prince (Frédéric II) rendu par ses péchés indigne du royaume et de l’empire, rejeté de Dieu, et déchu de tout honneur et de toute dignité", décharge "pour toujours ses sujets du serment de fidélité" et soumet "au lien de l’excommunication, encourue par le seul fait, quiconque à l’avenir lui obéirait, et lui donnerait conseil ou secours, sous quelque sorte de titre, ou sous quelque couleur de dépendance que ce fût." 

Le concile demande que soit défendue la Terre Sainte et le cardinal de Tusculum prêche la septième croisade.


Le Concile de Lyon II

 

Le deuxième concile de Lyon (Lyon II), quatorzième concile œcuménique, réunissant 1570 participants, convoqué et présidé par Grégoire X (1271-1276) , se déroule du 7 mai au 17 juillet 1274.

 

Convoqué peu après une longue vacance du Saint-Siège, le concile régla l’élection pontificale (institution du conclave). Il réalisa aussi la première union (éphémère) entre l’Église catholique latine et l’Église grecque depuis le Schisme, et œuvra pour la reconquête de la Terre Sainte.

 

Le concile confirme l’union des Eglises d’Orient (les "Grecs" et les Mongols sont présents au concile) et d’Occident.  On y lit une lettre de l’empereur Michel VIII Paléologue reconnaissant que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils et adressée « Au très saint et heureux, premier et souverain pontife du siège apostolique, Pape universel, Père commun de tous les chrétiens, Père vénérable de notre empire, le seigneur Grégoire » et signée « Michel, fidèle empereur en Jésus-Christ, et modérateur de ses peuples, Ange Comnène Paléologue, fils spirituel de votre Sainteté. » 

31 décrets sont pris :

- le concile déclare que « le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, comme d’un seul principe et par une seule spiration » et condamne « ceux qui nient que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils, et ceux qui osent avancer qu’il procède du Père et du Fils comme de deux principes » (1er décret « De la Trinité et de la foi catholique ») ;

- le concile ordonne que le Pape sera élu par le collège des cardinaux réunis en conclave (2e décret et bulle Ubi periculum de Grégoire X) ;

- le concile adopte plusieurs décrets sur les élections des évêques et les ordinations des clercs ;

- supprime « tous les ordres mendiants, institués depuis le concile général de Latran, sous Innocent III, en 1215, et non confirmés par le Saint-Siège » (l’ordre des Frères de la Pénitence de Jésus-Christ, ou sachets, est le premier supprimé) ;

- interdit la vénération des reliques récentes non encore authentifiées ;

- entérine le concept de purgatoire ; 

- le concile décide d’une nouvelle croisade. Grégoire X entend y associer les Mongols de Perse, présents au concile, et l’empereur byzantin Michel Paléologue, mais les intrigues de Charles d’Anjou, les atermoiements des pries et les lenteurs de la préparation (6 ans) feront qu’elle ne partira jamais.  Le 15 juillet, Bonaventure 5, qui a préparé le concile et œuvré à la réconciliation avec l’Eglise d’Orient, meurt en plein concile.


Le Concile de Vienne

 

Le concile de Vienne, quinzième concile œcuménique, qui se tient du 16 octobre 1311 au 11 mai 1312, est assemblé (114 pères sont présents) par le Pape Clément V (1305-1314 (bulle de convocation Regnans in cœlis écrite le 12 août 1308 à Poitiers) pour quatre causes principales : l’affaire de l’ordre des Templiers qui y sera aboli, les erreurs des Fraticelles, Bégards, Béguines ou Bizoques, le rétablissement de la discipline ecclésiastique et le secours de la Terre sainte. 

 

Il se réunit pour discuter principalement de l’avenir de l’Ordre du Temple. Après moult tergiversations, il décida la suppression de l’ordre des Templiers, mais sans les condamner.

 

Par les bulles Ad providam Christi vicarii du 2 mai 1312 et Nuper in Concilio du 16, Clément V transfère les possessions foncières des Templiers (à l’exception des biens situés en Espagne et au Portugal) aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, devenus les Chevaliers de Rhodes, contre paiement de fortes indemnités à Philippe le Bel. Le roi, dans sa lettre au Pape du 24 août, dit que "les biens dont il s’agit pour la France étant sous sa garde, le droit de patronage lui appartenant, et le Pape avec le concile lui ayant demandé son consentement pour cette destination, il le donne volontiers, déduction faite des sommes employées à la garde et à l’administration de ces biens". Le Pape et le concile exceptent du transfert les biens du Temple situés dans les royaumes d’Espagne, de Castille, de Portugal, d’Aragon, de Majorque, parce que les Templiers qui s’y trouvent luttent contre les entreprises des Sarrasins et des Mores de Grenade. La bulle Considerantes du 6 mai 1312 détermine le sort des Chevaliers : ceux ayant avoués ou ayant été déclaré innocents se verront attribuer une rente et pourront vivre dans une maison de l’ordre ; tous ceux ayant niés ou s’étant rétractés, subiront un châtiment sévère (en principe la peine de mort). En 2002, une copie du parchemin de Chinon (daté du 17 au 20 août 1308) qui tend à démontrer que le Pape Clément V avait accordé secrètement, en 1308, son absolution au grand maître et aux chevaliers du Temple, est découvert par une chercheuse, le Dr Barbara Frale, dans les archives secrètes du Vatican. Ce parchemin a été publié au XVIIe siècle par Baluze dans son ouvrage Vitae Paparum Avenionensis (Vies des Papes en Avignon). D'autres bulles complètent celles précitées : Licet Dudum le 18 Décembre, Dudum in generali Concilio le 31 Décembre et Licet pridem le 13 Janvier 1313.

 

Clément V s’oppose à la tentative de Philippe le Bel de déclarer son prédécesseur Boniface VIII (1295-1303) hérétique de manière posthume pour le seul motif qu’il lui a résisté et a voulu l’excommunier ; le concile déclare Boniface VIII "catholique"

 

Le concile (décrets 16 et 28) condamne pêle-mêle, sous l’appellation de "bégards" (religieux sans hiérarchie et sans vœux), les partisans du Libre-Esprit (le terme se réfère à la fois à la liberté de nature et à l’Esprit saint, par lequel Dieu s’incarne en chacun), les apostoliques dont les dulcinistes, les Fraticelles (spirituels franciscains, partisans d’une pratique volontaire de la pauvreté) et les béguines (qui se voient contraintes de se soumettre à la règle de l’ordre franciscain pour échapper à la répression). Ces béguines ne doivent pas être confondues avec les béguines instituées à Liège par Lambert le Bègue, un siècle et demi avant le concile. Les décrets Ad nostrum et Cum de quibusdam mulieribus, formant le recueil dit des Clémentines, reprennent les principaux chefs d’accusation. Ad nostrum attribue aux bégards et béguines une doctrine composite où se mêlent joachimisme et Libre-Esprit. On retrouve ainsi les théories de Joachim de Flore dans la proposition suivante : « Ils divisent le temps compris entre la création et la fin du monde en trois époques […], l’époque du Père, l’époque du Fils […] et l’époque du Saint-Esprit, le temps de la liberté pour l’homme de faire ce qui lui plaît, sans que rien puisse être appelé mal. » Au Libre-Esprit appartiennent des affirmations telles que celles-ci : « L’homme peut acquérir dès la vie présente la plénitude de la félicité céleste, telle qu’il l’obtiendra après la mort » ; « L’homme parvenu au dernier degré de perfection ne doit plus ni jeûner ni prier, car ses sens sont alors si bien soumis à sa raison qu’il peut en toute liberté accorder à son corps tout ce qui lui plaît » ; « L’âme parfaite donne congé à toutes les vertus. » 

 

Le concile définit comme dogme de foi que l’âme rationnelle est la forme substantielle de tout  corps humain : "Il n’y a plus ni juif ni grec, ni esclave ni homme libre, ni homme ni femme, car vous n’êtes tous qu’une personne dans le Christ Jésus (Galates, 3, 28)". (Constitution dogmatique Fidei Catholicae, décret 1)  Les décrets 14 et 15 réglementent le clergé, moines et religieuses ; le décret 17 traite de la gestion des hôpitaux. Le décret 29 condamne l'usure.  Les constitutions Multorum querela et Nolentes (décrets 26 et 27) exigent la collaboration des inquisiteurs et des évêques pour tous les actes importants de la procédure ainsi que pour la mise à la torture, la promulgation des sentences et la gestion des prisons.  La clémentine Inter sollicitudines (décret 24) ordonne, à la sollicitation du célèbre Raimond Lulle, « qu’on enseigne publiquement les langues orientales ; qu’on établisse deux maîtres pour l’hébreu, deux pour l’arabe, et autant pour le chaldéen ; et cela à Bologne, à Paris, à Salamanque, à Oxford et dans les lieux où résiderait la cour romaine. » 

 

La Fête du Saint-Sacrement (Fête-Dieu), instituée par Urbain IV (1261-1264), est reconnue régulière par le concile qui en rend l’observation obligatoire. A la suite du concile, Vienne prit pour armes l'orme surmonté d'un calice et d'une hostie qu'entourent ces mots : "Vienna civitas sancta".  Le premier chapitre du titre 9 du livre V des Clémentines "enjoint aux ordinaires d’avertir les juges de ne pas refuser les sacrements de pénitence et d’eucharistie aux coupables condamnés à mort, et même de les contraindre, s’il le faut, par les censures, à les accorder". 

 

En cas de mort du Pape, les cardinaux n’ont pas sa juridiction mais ils peuvent pourvoir aux charges de camérier et de pénitencier.  Les décrets, ratifiés par les rois de France, d’Angleterre et d’Aragon présents au concile, ne sont pas publiés immédiatement. C’est seulement sous Jean XXII qu’ils parviendront à la connaissance des évêques, généralisant la répression ; sur 38 constitutions envoyées aux universités par le nouveau pontife, 20 seulement contiennent les mots : "avec l'approbation du  saint Concile". Les Clémentines serviront de guide aux inquisiteurs dans l’interrogatoire de tout suspect de bégardisme.


Le Concile de Constance

 

Le concile de Constance, seizième concile œcuménique, convoqué par Jean XXIII de Pise (1410-1415), en 1413, de concert avec Sigismond Ier de Luxembourg, "pour l’extirpation du schisme et la réunion des fidèles sous un seul et même pasteur" (l’Eglise a 3 papes), la "réforme de l’Église dans son chef et dans ses membres", et la "confirmation de la foi contre les erreurs de Wyclif, de Jan Hus et de son disciple Jérôme de Prague", se déroule du 5 novembre 1414 au 22 avril 1418 avec la participation de 3 patriarches, 22 cardinaux, 20 archevêques, 92 évêques, 120 abbés, 1800 prêtres et 1600 nobles et chevaliers.

 

Ce concile mit fin au Grand Schisme d’Occident (1378-1417) par l’élection en 1417 du Pape Martin V (1417-1431) après la renonciation du Pape Grégoire XII (1406-1417), en déposant successivement les antipapes Jean XXIII de Pise (en 1415) puis Benoît XIII d’Avignon (en 1417). En 1415, il condamna Jean Huss, réformateur religieux tchèque. Ce concile déclara avoir pleine autorité pour vivre sans le Pape. Il professa qu’il tenait cette autorité du Christ et qu’il disposait d’une juridiction universelle, y compris sur le Pape, en matière de foi : ce que refusa Martin V, qui rétablit en 1418 la supériorité du Pape sur le concile. 

 

Le 26 mars 1415, le concile de Constance, qui entre dans sa troisième session, annonce son intention de ne pas se séparer avant d'avoir rétabli l'unité de l'Église et de sa discipline. Le 6 avril, le concile affirme par le décret Haec sancta qu’il tient son pouvoir directement du Christ pour la réforme de l’Église et adopte le décret Frequens instituant que l’Église sera désormais dirigée par des conciles périodiques (1423, 1430, puis tous les 10 ans).  Le concile met en cause la politique missionnaire de l'Ordre teutonique et le condamne.  Le 4 mai 1415, le concile condamne à titre posthume John Wyclif, décédé le 31-12-1384, comme hérétique, et ordonne que son corps soit exhumé et brûlé. Le décret est exécuté en 1428 : ses ossements sont brûlés et jetés dans la Swift. Jean XXIII de Pise est arrêté et déposé le 29 mai 1415 (XIIe session) comme "simoniaque, impudique, empoisonneur et dissipateur des biens de l’Eglise" (déguisé en palefrenier, il s’était enfui dans la nuit du 20 au 21 mars 1415). Le concile déclare "toute la chrétienté dégagée de son obéissance, avec défense de l’appeler Pape ou de l’élire de nouveau en cette qualité".

 

Pour lutter contre les hussites, nommés "utraquistes" parce qu’ils communient sous les deux espèces (en latin sub utraque species), le concile décrète : « quoique dans la primitive Église ce sacrement ait été reçu par les fidèles sous les deux espèces, néanmoins, dans la suite, il n’a été reçu sous l’une et l’autre espèce que par les prêtres célébrants, et sous la seule espèce du pain pour les laïques, parce qu’on doit croire fermement et sans aucun doute, que tout le corps et le sang de Jésus-Christ est vraiment contenu sous l’espèce du pain. C’est pourquoi cette coutume introduite par l’Église doit être regardée comme une loi qu’il n’est pas permis de rejeter ou de changer à son gré, sans l’autorité de l’Église : et, dire que l’observation de cette coutume est sacrilège ou illicite, c’est tomber dans l’erreur ; et ceux qui assurent opiniâtrement le contraire doivent être chassés comme hérétiques et grièvement punis ou même livrés au bras séculier s’il était nécessaire ». (XIIIe session, 15 juin 1415) 

 

Le Pape Grégoire XII (Rome) renonce à la papauté le 4 juillet 1415 (XIVe session). Le concile le nomme doyen des cardinaux et légat perpétuel dans la Marche d’Ancône.

 

Le réformateur tchèque Jan Hus condamne le commerce des indulgences et prêche le retour à la pauvreté apostolique. Refusant de se rétracter, il est dégradé le 6 juillet 1415 au matin (XVe session) et abandonné au bras séculier qui brûle ses livres et le conduit au bûcher l’après-midi même. Hus ayant été arrêté le 3 novembre 1414 bien que porteur d’un sauf-conduit de l’empereur, un décret porte que "Les sauf-conduits, accordés à des hérétiques par des princes catholiques ne doivent porter aucun préjudice à la foi catholique ou à la juridiction ecclésiastique, ni empêcher que ceux qui les ont, ne soient examinés, jugés, punis selon que la justice le demandera, s’ils refusent de révoquer leurs erreurs, quand même ils seraient venus au lieu où ils doivent être jugés, uniquement sur la foi d’un sauf-conduit, sans quoi ils ne s’y seraient pas rendus ; et celui qui leur aura promis la sûreté, ne sera point, dans ce cas, obligé à tenir sa promesse, par quelque lien qu’il puisse s’être engagé, parce qu’il a fait tout ce qui dépendait de lui".  Le 30 mai 1416, Jérôme de Prague, qui a comparu librement le 25 mai 1415, est déclaré hérétique, relaps, excommunié et anathématisé, puis livré au bras séculier qui lui fait subir le même sort que son maître Jean Hus.  Benoît XIII (Avignon) qui refuse d’abdiquer est déposé le 26 juillet 1417 (XXXVIIe session).

 

Le concile décrète "que le conclave, qui se tiendrait pour la prochaine élection d’un nouveau Pape, serait composé de tous les cardinaux, au nombre de vingt-trois, et de trente députés, six de chaque nation : ce qui faisait en tout cinquante-trois personnes et que, pour rendre l’élection valide, il faudrait les deux tiers de toutes ces voix ; que les électeurs occuperaient l’hôtel de ville de Constance, qu’ils y entreraient au bout de dix jours, et observeraient du reste tous les règlements portés pour l’élection des Papes". (XLe session, 20 octobre 1417)  Le Pape Martin V est élu le 11 novembre 1417, mettant ainsi fin au grand schisme d’Occident. Le lendemain, il est ordonné diacre, le jour suivant prêtre, et le troisième jour évêque. Il est intronisé le dimanche 21 novembre.  Le 22 février 1418, le nouveau Pape publie deux bulles : - La première, adressée aux évêques et aux seigneurs des divers pays où il y a des hussites, contient, outre la condamnation des quarante-cinq articles de Wyclif et des trente principales propositions de Jean Hus, le modèle de plusieurs interrogations qu’on ordonne de faire à ceux qui veulent abandonner cette hérésie.

- La seconde, "Pour servir de mémoire à perpétuité", rassemble tous les décrets publiés contre Wyclif, Jean Hus et Jérôme de Prague, soit par le Pape Jean XXIII de Pise au concile de Rome, soit par le concile de Constance.  Lors de la XLIIIe session, le 21 mars 1418, la simonie et les simoniaques sont condamnées.

 

Pierre d’Ailly (1350-1420), chancelier de l’université de Paris puis confesseur de Charles VI en 1389, évêque du Puy en 1395 et 2 ans plus tard de Cambrai, cardinal en 1411, partisan de Jean XXIII de Pise, participe au concile auquel il propose, en vain, une réforme de la curie romaine et présente son traité Exhortatio super correctione calendarii (Exhortation à la réforme du calendrier) qui n'est pas suivi d’effet. Ses activités théologiques et religieuses ne l’empêchent pas de développer, dans son traité Imago Mundi, une théorie qui semble annoncer celle de Copernic.


Le Concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome

 

Le concile de Bâle-Ferrare-Florence-Rome, dix-septième concile œcuménique, est convoqué par le Pape Martin V pour la réforme générale de l’Eglise et pour la réunion de l’Eglise Grecque à l’Église romaine. Il se déroule à Bâle du 23 juillet 1431 au 7 mai 1437, est transféré à Ferrare le 1er janvier 1438, à Florence le 16 janvier 1439 puis à Rome le 25 avril 1442 où il se termine le 7 août 1445. Des dissidents, hostiles à la suprématie pontificale, continueront à tenir concile à Bâle jusqu’en 1449 et échoueront dans leur tentative de remplacer Eugène IV (1431-1447) par l'antipape Félix V.

 

Le concile fut réuni pour poursuivre l’oeuvre du concile de Constance (lutte contre l’hérésie, et réforme de l’Église). Il proclama de nouveau que le concile est au-dessus du Pape, et réalisa une nouvelle union éphémère avec l’Église d’Orient. Il fut aussi à l’origine de la Pragmatique Sanction de Bourges (1438).

 

Les Pères décrètent l’union avec les Grecs (6 juillet 1439), les Arméniens (22 novembre 1439) et les Jacobites (5 février 1441) : elle n'entrera jamais en vigueur.  Le décret d’union des Églises catholique romaine et orthodoxe grecque, publié au nom du Pape et daté de la neuvième année de son pontificat (bulle Laetentur coeli) stipule :

  1. « Que le Saint Esprit reçoit de toute éternité son être du Père et du Fils en même temps, et qu’il procède de l’un et de l’autre comme d’un seul principe ;
  2. 2° que l’addition faite au symbole de ce mot, « Filioque », est légitime, comme étant devenue une explication nécessaire du dogme ;
  3. Que la consécration de l’Eucharistie peut également se faire sur le pain fermenté et sur le pain azyme, et que chaque Église doit suivre là-dessus son usage particulier ;
  4. Que les âmes de ceux qui meurent avant d’avoir satisfait par de dignes fruits de pénitence, quoiqu’en état de grâce, sont soumises aux peines du purgatoire, et peuvent être soulagées par le saint sacrifice, par les prières et les autres bonnes œuvres des vivants ; que celles qui n’ont rien à expier, sont aussitôt admises dans le ciel au bonheur de voir Dieu ; et que celles qui sortent de ce monde avec un péché mortel, ou même avec le seul péché originel, descendent en enfer, pour y souffrir des peines diverses ;
  5. Que le Saint-Siège apostolique et le pontife romain a la primauté sur tout l’univers, qu’il est le successeur de saint Pierre, prince des apôtres, et le vrai vicaire de Jésus-Christ, qu’il est le chef de l’Église entière, le père et le docteur de tous les chrétiens, et que Notre-Seigneur lui a remis dans la personne de saint Pierre le plein pouvoir de paître, de régir et de gouverner l’Église universelle, comme le prouvent les actes des conciles œcuméniques et les sacrés canons. Enfin le concile assigne au patriarche de Constantinople le second rang après le pontife romain ; le troisième au patriarche d’Alexandrie ; le quatrième à celui d’Antioche, et le cinquième à celui de Jérusalem, en conservant à chacun ses droits et ses privilèges. »   

Le Pape Eugène IV excommunie comme "antipape, hérétique et schismatique" Amédée de Savoie/Félix V (qu’il qualifie de "très déloyal Satan"), ainsi que les membres du concile dissident de Bâle et les 23 cardinaux qu’il a nommés. 

 

Le concile reconnaît l’Immaculée Conception de Marie qu’il décrète "indemne de toute faute originelle". La fête de la Visitation est étendue à la Chrétienté tout entière.  22 novembre 1439, constitution Exultate Domino : « Le ministre ordinaire du baptême est le prêtre, mais dans le cas de nécessité, non seulement le prêtre ou le diacre, mais même un laïque ou une femme, bien plus, un hérétique, un païen, peut baptiser, pourvu qu’il observe la forme de l’Eglise et qu’il ait l’intention de faire ce que fait l’Eglise »

 

Le 26 avril 1442, le Pape propose la translation du concile à Rome où seront pris des décrets touchant la réunion des Syriens, des Chaldéens et des Maronites à l’Église romaine. Le terme de nestorien est utilisé pour la première fois par Eugène IV pour distinguer les nestoriens de Chypre (récemment revenus à l’Église romaine) des nestoriens schismatiques, appelés depuis cette époque "assyriens".  Fin du concile le 7 août 1445.


Le Concile du Latran V

 

Le cinquième concile du Latran (Latran V), dix-huitième concile œcuménique, convoqué le 18 juillet 1511 par la bulle Sacrosanctæ du Pape Jules II (1503-1513), se déroule du 3 mai 1512 au 16 mars 1517. Il est assemblé pour "l’extinction du schisme, la réforme à établir dans l’Église, la paix entre les princes chrétiens et la guerre contre les Turcs".

 

Le concile condamna définitivement les thèses conciliaristes : le Pape fut reconnu comme l’autorité première dans l’Église. Le concordat de Bologne (1516) fut en outre signé avec François Ier.

 

Les Pères condamnent le concile profrançais schismatique de Pise (1511-1512). Le Pape renouvelle la bulle qui "annulait tout ce qui s’était passé à Pise et ensuite à Milan de la part des cardinaux et des autres prélats rebelles et qui mettait le royaume de France en interdit".  Les Pères édictent des peines très sévères à l’effet d’empêcher la simonie dans le futur conclave. 

 

À la session du 27 avril 1513, Léon X (1513-1521) remplace Jules II mort le 21 février.  Le concile prend un décret « contre quelques philosophes qui prétendaient que l’âme raisonnable est mortelle, et qu’il n’y en a qu’une seule dans tous les hommes, contre ce que dit Jésus-Christ dans l’Évangile, qu’on ne peut tuer l’âme, et que celui qui hait son âme en ce monde, la conserve pour la vie éternelle ; et contre ce qui a été décidé par le Pape Clément V, dans le concile de Vienne, que l’âme est vraiment par elle-même et essentiellement la forme du corps humain ; qu’elle est immortelle, et multipliée suivant le nombre des corps dans lesquels elle est infuse. »  Trois bulles sont publiées : la première adressée aux princes chrétiens, pour "les exhorter à la paix et à l’union, et à tourner leurs armes contre les infidèles" ; la deuxième aux Bohémiens (Hussites) contenant un sauf-conduit pour les engager à venir au concile ; la troisième "pour la réformation des officiers de la cour de Rome, touchant les exactions qu’ils commettaient pour les provisions des bénéfices et autres expéditions, au-delà de ce qui leur était dû".

 

Le décret Reformationes curiæ et aliorum condamnent les blasphémateurs, les concubinaires et les simoniaques à différentes peines ; il défend "aux princes séculiers, fussent-ils empereurs, rois ou reines, républiques ou potentats, de séquestrer ou de saisir, ou de détenir, sous quelque prétexte que ce soit, les biens ecclésiastiques sans la permission du Pape" ; il renouvelle les lois touchant l’exemption des personnes et des biens ecclésiastiques, et la défense d’imposer les clercs ; il ordonne de "procéder (faire un procès) contre les hérétiques, les Juifs et les relaps, refusant tout espoir de pardon à ces derniers".  Le Pape définit, avec l’approbation du saint concile, que « les monts-de-piété (…) où l’on reçoit à titre d’indemnité une somme modérée avec le capital, sans que les monts eux-mêmes en profitent, ne présentent point d’apparence de mal, ni d’amorce au péché, ni rien qui les fasse improuver, mais qu’un tel prêt est au contraire méritoire et digne de louange, qu’il n’est nullement usuraire (…) « qu’on pourra dans la suite en ériger d’autres semblables avec l’approbation du siège apostolique ; que ce serait cependant une œuvre beaucoup plus parfaite et beaucoup plus sainte, si l’on établissait des monts-de-piété purement gratuits (…) » En somme, le concile revient sur le point de vue traditionnel selon lequel l’usure ne peut être pratiquée par des chrétiens. Approuvé par le concile, le Pape Léon X interdit l’édition de livres sans autorisation ecclésiastique : « Nous statuons et ordonnons que, dans la suite et dans les temps futurs, personne n’ose imprimer ou faire imprimer un livre quelconque dans notre ville, dans quelque cité ou diocèse que ce soit, qu’il n’ait été examiné avec soin, approuvé et signé à Rome, par notre vicaire et le maître du sacré palais, et dans les diocèses par l’évêque ou tout autre délégué par lui, et ayant la science compétente des matières traitées dans l’ouvrage, sous peine d’excommunication. »

 

Le 4 mai 1515, des mesures sont prises pour une réforme intérieure de l’Eglise. Copernic (1473-1543) participe à la commission du concile sur la réforme du calendrier.  Le concordat de Bologne, passé entre Léon X et le roi de France, François Ier, est approuvé, à l'unanimité, par les pères le 19 décembre 1516 (11e session). Il tempère le gallicanisme. Il permet la mise en place dans le Royaume de France du régime de la commende : les évêques et abbés ne sont plus élus mais choisis par le roi de France ; après avoir été investis spirituellement par le Pape, ils jurent fidélité au roi de France qui leur donne leur charge temporelle. Le Pape abolit la pragmatique sanction de Charles VII : « avec l’approbation du saint concile, nous déclarons que la pragmatique sanction, ou plutôt corruption, n’a eu ni n’a aucune force. En outre, pour plus grande sûreté et précaution, nous la révoquons, la cassons, l’abrogeons, l’annulons, la condamnons, avec tout ce qui s’est fait en sa faveur (…) défendant, en vertu de la sainte obéissance et sous les peines et censures marquées plus bas, à tous les fidèles, laïques et clercs, etc., d’user à l’avenir de cette pragmatique, ni même de la conserver, sous peine d’excommunication majeure et de privation de tous bénéfices et fiefs ecclésiastiques. »  


Le Concile de Trente

 

Le concile de Trente, dix-neuvième concile œcuménique, convoqué par le Pape Paul III (1534-1559) le 22 mai 1542, se déroule du 13 décembre 1545 au 4 décembre 1563. C’est le concile de la réforme catholique dite "Contre-réforme" par opposition à la réforme protestante. Les 8 premières sessions sont tenues à Trente du 13 décembre 1545 jusqu’en mars 1547 ; les sessions 9 à 11 à Bologne (où le concile a été transféré en mars 1547 à cause d'une épidémie à Trente) jusqu'au 17 septembre 1549 ; les sessions 12 à 16 à Trente en 1551-1552 sous Jules III (1550-1555) ; les sessions 17 à 25 à Trente en 1562-1563 sous Pie IV (1559-1565).

 

Il fut le concile de la réforme catholique, dite Contre-Réforme, en réaction à la Réforme protestante. 

– 8 premières sessions (1545-1547) : traitèrent essentiellement de questions théologiques. Parmi les nombreux décrets, retenons un décret sur le péché originel, un décret sur la justification, un décret sur les sacrements. Le concile fut ensuite transféré à Bologne pour échapper à l’influence trop pressante de Charles Quint.

– Sessions 9 à 11 (1547-1549) : y furent examinées les erreurs de Luther. En septembre 1549 le Pape Paul III suspendit le Concile sous la pression de Charles Quint. Le travail conciliaire ne reprit, à Trente, qu’en septembre 1551.

– 13ème Session : y fut consacré le terme de transsubstantiation.

– 14ème Session : y furent promulgués les canons concernant les sacrements de la pénitence, de l’extrême-onction et de l’ordre. Le concile fut à nouveau suspendu en 1552 par Jules III (successeur de Paul III, mort en 1549), inquiet des succès protestants. Le Concile ne put reprendre (à Trente) qu’en janvier 1562.

– La dernière période (sessions 17 à 25) dura 2 ans (1562-1563), et fut présidée par le Pape Paul IV (successeur de Jules III, mort en 1555 et de Marcel II Pape éphémère): on lui doit l’institution des Séminaires, l’organisation des Synodes diocésains, etc. 

Retenons aussi une doctrine sur la messe, une doctrine du sacrement de mariage, un décret sur la vénération des saints.  L’oeuvre de ce concile majeur fut complétée par un certain nombre d’initiatives pontificales, dont la publication du Catéchisme romain.

 

Le concile décrète:

 

  - sur les livres saints (IVe session du 8 avril 1546) Le concile en dresse le catalogue:

Ancien Testament : « Les cinq Livres de Moïse, qui sont, la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome ; Josué, les Juges, Ruth, les quatre Livres des Rois, les deux des Paralipomènes, le premier d’Esdras & le second, qui s’appelle Néhémias ; Tobie, Judith, Ester, Job ; le Psautier de David, qui contient cent cinquante Psaumes ; les Paraboles, l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse, l’Ecclésiastique, Isaïe, Hiéremie, avec Baruch, Ezéchiel, Daniel ; les douze Petits Prophètes, savoir, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habachuc, Sophonias, Aggée, Zacharie, Malachie ; deux des Machabées, le premier, & le second. »

Nouveau Testament : « Les quatre Évangiles, selon Saint Matthieu, Saint Marc, Saint Luc, & Saint Jean ; les Actes des Apôtres, écrits par Saint Luc Évangéliste ; quatorze Épîtres de Saint Paul, une aux Romains, deux aux Corinthiens, une aux Galates, une aux Éphésiens, une aux Philippiens, une aux Colossiens, deux aux Thessaloniciens, deux à Timothée, une à Tite, une à Philémon, & une aux Hébreux ; deux Épîtres de l’Apôtre Saint Pierre ; trois de l’Apôtre Saint Jean ; une de l’Apôtre Saint Jacques ; une de l’Apôtre Saint Jude ; & l’Apocalypse de l’Apôtre Saint Jean. » "Si quelqu’un ne reçoit pas pour sacrés et canoniques, tous ces Livres entiers, avec tout ce qu’ils contiennent, tels qu’ils sont en usage dans l’Eglise Catholique, et tels qu’ils sont dans l’Ancienne Edition Vulgate Latine, ou méprise avec connaissance et de propos délibéré les Traditions dont nous venons de parler : qu’il soit anathème (…)" Le concile « déclare et ordonne, que cette même Edition Ancienne et Vulgate, qui a déjà été approuvée dans l’Eglise par le long usage de tant de siècles, doit être tenue pour authentique dans les Disputes, les Prédications, les Explications et les Leçons publiques. »

 

- sur le péché originel:

Le concile affirme que le péché originel est "transmis par propagation héréditaire et non par imitation, il est propre à chacun". « Si quelqu’un nie que par la grâce de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui est conférée dans le Baptême, l’offense du péché Originel soit remise ou soutient que tout ce qu’il y a proprement, et véritablement de péché, n’est pas ôté, mais est seulement comme rasé, ou n’est pas imputé : qu’il soit anathème ! » Le concile affirme que la concupiscence n’est pas elle-même un péché, mais "un effet du péché". Il déclare que, dans ce décret, "son intention n’est point de comprendre la Bienheureuse et Immaculée Vierge Marie Mère de Dieu, mais qu’il entend, qu’à ce sujet les Constitutions du Pape Sixte IV (1471-1484) (...) soient observées, sous les peines qui y sont portées, et qu’il renouvelle".

 

- sur la justification:

Elle n’est pas exclusivement l’œuvre de la grâce. « Si quelqu’un dit que le libre arbitre de l’homme, mû et excité par Dieu, en donnant son consentement à Dieu, qui l’excite et qui l’appelle, ne coopère en rien à se préparer et à se mettre en état d’obtenir la grâce de la Justification, et qu’il ne peut refuser son consentement, s’il le veut, mais qu’il est comme quelque chose d’inanimé, sans rien faire et purement passif : qu’il soit anathème ». (Canon IV) « Si quelqu’un dit, que depuis le péché d’Adam, le libre arbitre de l’homme est perdu et éteint ; que c’est un être qui n’a que le nom, ou plutôt un nom sans réalité ; ou enfin, une fiction, ou vaine imagination, que le Démon a introduite dans l’Eglise : qu’il soit anathème ». (Canon V) « Si quelqu’un dit qu’il n’est pas au pouvoir de l’homme de rendre ses voies mauvaises, mais que c’est Dieu qui opère les mauvaises œuvres, aussi bien que les bonnes, non seulement en tant qu’il les permet, mais si proprement, et si véritablement par lui-même, que la trahison de Judas n’est pas moins son propre ouvrage, que la vocation de Saint Paul : qu’il soit anathème ». (Canon VI) Le concile refuse la théologie d’une double prédestination développée par Seripando, le grand théologien des Augustins.

 

- sur les sacrements:

« Si quelqu’un dit que les sacrements de la Nouvelle Loi n’ont pas été tous institués par notre Seigneur Jésus-Christ ; ou qu’il y en a plus ou moins de 7, savoir, le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la pénitence, l’extrême-onction, l’ordre et le mariage ; ou que quelqu’un de ces 7 n’est pas proprement et véritablement un sacrement : qu’il soit anathème ». (Canon I) Les sacrements agissent "ex opere operato", en vertu de Dieu lui-même, indépendamment de la foi ou de la vertu du prêtre qui les administre.

 

- sur le mariage:

Le 11 novembre 1563, le Concile adopte, après de longs débats sur le chapitre De reformatione matrimonii, un décret qui proclame la liberté pour les enfants de se marier sans le consentement des parents et aux termes duquel le mariage est nul s’il n’a pas lieu "in facie ecclesiae, proprio praesente parocho" (dans l’église en présence du propre curé des époux). Pour éviter la célébration de mariages entre personnes liées par des parentés spirituelles (inceste spirituel), il est fait obligation aux curés de tenir un registre où doivent être inscrits le nom des baptisés et de leurs parrains.

 

- sur l’eucharistie et la messe:

L’Assemblée confirme le dogme de la transsubstantiation et rejette non seulement la doctrine des sacramentaires (la cène, cérémonie du souvenir) et celle de Calvin (présence réelle mais spirituelle) mais encore la consubstantiation luthérienne (le Christ est dans le pain et le vin comme le feu dans le fer rouge). Contre tous les protestants, elle déclare que la messe est bien un sacrifice par lequel le Sauveur continue d’appliquer la vertu salutaire de sa mort à la rémission des péchés. « Si quelqu’un nie, que le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ, avec son Âme, et la Divinité, et par conséquent Jésus-Christ tout entier, soit contenu véritablement, réellement et substantiellement au Sacrement de la Très Sainte Eucharistie ; mais dit, qu’il y est seulement comme dans un signe, ou bien en figure, ou en vertu : qu’il soit anathème ». (Canon I) « Si quelqu’un dit, que la substance du pain et du vin, reste au Très Saint Sacrement de l’Eucharistie, ensemble avec le Corps et le Sang de Notre Seigneur Jésus-Christ ; et nie cette conversion admirable et singulière de toute la substance du pain au Corps, et de toute la substance du vin au Sang de Jésus-Christ ; ne restant seulement que les espèces du pain et du vin ; laquelle conversion est appelée par l’Eglise Catholique, du nom très propre de Transsubstantiation : qu’il soit anathème ». (Canon II) « Si quelqu’un nie, que dans le vénérable Sacrement de l’Eucharistie, Jésus-Christ tout entier soit contenu sous chaque espèce ; et sous chacune des parties de chaque espèce, après la séparation : qu’il soit anathème ». (Canon III) Le concile invite les protestants à venir débattre sur le Sacrifice de la Messe et leur accorde un sauf-conduit. « Bien que la messe contienne un riche enseignement pour le peuple fidèle, les Pères ne jugent pas bon qu´elle soit célébrée indistinctement en langue du pays. » Le concile condamne « celui qui estimerait qu´il faut réprouver le rite de l´Église romaine par lequel le Canon et les paroles de la consécration sont dits à voix basse : ou que la messe doit seulement se célébrer en langue du pays. » Néanmoins, si d´un côté il interdit l´emploi de la langue vivante dans la messe, d´un autre côté, il prescrit aux pasteurs d´y suppléer par une catéchèse faite au moment voulu : « Pour que les brebis du Christ ne souffrent pas de la faim,… ; le concile ordonne aux pasteurs et à tous ceux qui ont charge d´âmes d´expliquer fréquemment, au cours de la célébration de la messe, par eux-mêmes ou par d'autres, tel ou tel des textes qui sont lus au cours de la messe et, entre autres, d´éclairer le mystère de ce sacrifice, surtout les dimanches et les jours de fête. »

 

- sur la vénération des saints:

L’intercession des saints auprès de Dieu est possible et on peut les invoquer afin d’en obtenir des bienfaits. Le concile enjoint au clergé de veiller à ce que les enfants reçoivent au baptême le nom d’un saint qui leur servira de modèle. Il autorise la pratique de la vénération des reliques et formule des règles destinées à s’assurer de leur authenticité.

 

- sur les indulgences:

« La puissance de conférer les indulgences ayant été donnée à l’Église par Jésus-Christ, et la même Église ayant usé de cette puissance dès les premiers temps, le saint concile enseigne que l’usage des indulgences, très salutaire au peuple chrétien et approuvé par l’autorité des saints conciles, doit être conservé. Il frappe d’anathème tous ceux qui prétendent que les indulgences sont inutiles, ou que la puissance de les accorder n’est pas dans l’Eglise. » 

 

- sur l’institution des séminaires:

« Le Saint Concile ordonne, que toutes les Églises Cathédrales, Métropolitaines, et autres Supérieures à celles-ci, chacune selon la mesure de ses facultés et l’étendue de son Diocèse, seront tenues et obligées de nourrir, et élever dans la piété, et d’instruire dans la profession et discipline Ecclésiastique, un certain nombre d’enfants, de leur Ville et Diocèse, ou de leur Province, si dans le lieu il ne s’en trouve pas suffisamment, en un Collège, que l’évêque choisira proche des Eglises mêmes, ou en quelque autre endroit commode pour cela. » 

 

- sur le purgatoire:

Le 4 décembre 1563, le concile affirme l’existence du purgatoire (purgatorium), lieu de purification temporaire en attente du jugement dernier, en tant que " Sainte doctrine" (25ème session). 

 

- sur la mission évangélique:

Les pères demandent au clergé séculier, à tous les échelons, de prêcher le saint Évangile de Jésus-Christ. « Si quelqu’un méprise cette obligation, qu’il soit soumis à un châtiment rigoureux. » 

 

- sur l’autorité du Saint-Siège Les pères réaffirment l’autorité du Saint-Siège.

 

- sur la morale des ecclésiastiques:

La hiérarchie suspendra les clercs ne portant pas soutane, veillera à l’honnêteté de vie des hommes d’Église, punira les prêtres concubinaires, bannira du culte "l’avarice, l’irrévérence et la superstition", éloignera de l’autel les prêtres "vagabonds et inconnus", ne conférera sacerdoce et charge d’âmes qu’à des ordinands éprouvés. Le cumul des bénéfices est interdit. 

 

Le 24 janvier 1564, le Pape Pie IV promulgue la bulle Benedictus Deus qui confirme les décrets adoptés lors du concile. Le 13 novembre, il publie la bulle Iniunctum nobis, qualifiée de "Profession de foi tridentine" (de "Tridentum", ancien nom romain de Trente), qui résume les décrets doctrinaux du concile.


Le Concile Vatican I

 

Le premier concile du Vatican, vingtième concile œcuménique, se déroule du 8 décembre 1869 au 20 octobre 1870.

 

Il  procéda à l’adaptation de la législation ecclésiastique datant du concile de Trente. Il réfléchit au lien entre raison et foi et condamna le rationalisme tout comme le fidéisme. Il s’efforça également de lutter contre le modernisme. Il proclama le dogme de l’infaillibilité pontificale dans la constitution conciliaire  Pastor aeternus  du 18 juillet 1870. Le concile fut interrompu le 20 octobre 1870 alors que les troupes piémontaises envahissent Rome.

 

Le concile s’efforce également de lutter contre la modernité.  24 avril 1870 : Constitution dogmatique sur la foi catholique Dei Filius : « Si quelqu’un dit que les sciences humaines doivent être traitées avec une telle liberté que l’on puisse tenir pour vraies leurs assertions, quand même elles seraient contraires à la doctrine révélée ; et que l’Église ne peut les proscrire ; qu’il soit anathème. » 

 

13 juillet 1870 : 430 voix sont en faveur du dogme de l’infaillibilité du pontife romain, 88 le repoussent, 62 émettent un vote conditionnel. 18 juillet : nouveau vote en session publique : par 533 voix contre 2 (le reste des opposants ayant fait acte d’adhésion ou s’étant abstenu), le dogme de l’infaillibilité du Pape est adopté (des évêques opposants, dont Mgr Dupanloup, ont quitté Rome pour ne pas voter). La constitution dogmatique Pastor aeternus proclame le dogme de l’infaillibilité pontificale par lequel le magistère du Pape est infaillible quand il définit solennellement (ex-cathedra) une doctrine sur un sujet touchant la foi et les mœurs : « (...) avec l’approbation du saint concile, nous (Pape) enseignons et définissons comme un dogme révélé de Dieu : le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque, remplissant sa charge de pasteur et de docteur de tous les chrétiens, il définit, en vertu de sa suprême autorité apostolique, qu’une doctrine sur la foi ou les mœurs doit être tenue par toute l’Église, jouit, par l’assistance divine à lui promise en la personne de saint Pierre, de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Par conséquent, ces définitions du Pontife romain sont irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l’Église. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème. »

 

Ce dogme, combattu comme inopportun par une minorité de prélats allemands et français, provoque le schisme des Vieux-catholiques et offre un prétexte à différents États pour rompre leurs engagements concordataires. Bismarck inaugurera bientôt sa politique de combat (Kulturkampf) contre le catholicisme pour en annihiler la force au sein du nouvel empire allemand. La constitution dogmatique Lumen Gentium, proclamée par le concile Vatican II et promulguée le 21 novembre 1964, rappellera : « De cette infaillibilité, le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit du fait même de sa charge quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous les fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la foi (cf. Luc 22,32), il proclame, par un acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les mœurs. C'est pourquoi les définitions qu'il prononce sont dites, à juste titre, irréformables par elles-mêmes et non en vertu du consentement de l'Eglise, étant prononcées sous l'assistance du Saint-Esprit à lui promise en la personne de saint Pierre, n'ayant pas besoin, par conséquent, d'une approbation d'autrui, de même qu'elles ne peuvent comporter d'appel à un autre tribunal. En effet, le Pontife romain ne prononce pas une sentence en tant que personne privée, mais il expose et défend la doctrine de la foi catholique, en tant qu'il est, à l'égard de l'Église universelle, le maître suprême en qui réside, à titre singulier, le charisme d'infaillibilité qui est celui de l'Eglise elle-même » (§25). 

 

Le Pape Pie IX lance un appel à l’unité aux protestants anglicans et aux évêques orientaux. Il forme le projet d’un catéchisme universel. Le 20 octobre 1870, Pie IX interrompt le Concile Vatican I qui ne sera jamais repris. 


Le Concile Vatican II

 

Le 11 octobre 1962, le Pape Jean XXIII (1958-1963) ouvre, le deuxième concile œcuménique du Vatican, le 21e concile œcuménique, le concile du renouveau (en italien "aggiornamento" (littéralement: mise à jour) expression emprunté à Léon XIII (1878-1903) de l’Église catholique. Le concile pastoral Vatican II, convoqué le 25 décembre 1961, rassemble plus de 2400 participants de 80 nations et se déroule jusqu’au 8 décembre 1965. 

Début du concile, 1963 :

 

1963 : Le 11 avril, encyclique Pacem in Terris pour la Paix sur la Terre "objet du profond désir de l’humanité de tous les temps".  Le 8 mai, un décret du Saint-Office, qui sera promulgué par Paul VI le 5 juillet [Code de Droit Canonique, c. 1176 §3], supprime l’interdiction de funérailles religieuses à ceux qui ont demandé à être incinérés : la crémation n’est plus condamnée par l’Église catholique à condition qu’elle n’ait pas été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne. En France, la loi du 15-11-1887 institua la liberté des funérailles et le décret du 27-4-1889 (Sadi Carnot) abrogea le capitulaire de Charlemagne (785) qui interdisait l’incinération des morts. La Révolution française avait essayé, sans grand succès, de relancer cette pratique. Elle ne commença à se répandre que dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous l’action des adversaires de l’Eglise romaine, notamment les Libres penseurs et les Francs-maçons, agissant au sein d’associations pour la propagation de la crémation. En 1948, les crématistes « nouvelle génération » avaient abandonné leurs visées anticléricales. La loi de 1905 sur la laïcité était passée par là, et ces défenseurs de la crémation poursuivaient des objectifs différents : hygiène, d’urbanisme et économie publique. L’Église catholique autorise la crémation depuis le 8 mai 1963 (concile Vatican II) à condition qu’elle n’ait pas été choisie pour des raisons contraires à la doctrine chrétienne (la crémation "doit ne pas être désirée comme négation des dogmes chrétiens dans un esprit sectaire, par haine de la religion catholique ou de l’Eglise") et qu’elle ne manifeste pas une mise en cause de la foi dans la résurrection. Le service religieux est interdit devant une urne funéraire : il doit avoir lieu avant la crémation. l’Eglise désapprouve la dispersion des Cendres et la conservation des urnes à domicile. La décision conciliaire a été insérée dans le nouveau code de droit canonique de 1983.

 

21 juin : élection du Pape Paul VI (1963-1978).

 

- 22 et 25 novembre :

Vote de la Constitution sur la liturgie (Sacrosanctum concilium), voici le préambule:

"Puisque le saint Concile se propose de faire progresser la vie chrétienne de jour en jour chez les fidèles ; de mieux adapter aux nécessités de notre époque celles des institutions qui sont sujettes à des changements ; de favoriser tout ce qui peut contribuer à l’union de tous ceux qui croient au Christ, et de fortifier tout ce qui concourt à appeler tous les hommes dans le sein de l’Église, il estime qu’il lui revient à un titre particulier de veiller aussi à la restauration et au progrès de la liturgie. En effet, la liturgie, par laquelle, surtout dans le divin sacrifice de l’Eucharistie, « s’exerce l’œuvre de notre rédemption», contribue au plus haut point à ce que les fidèles, en la vivant, expriment et manifestent aux autres le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église. Car il appartient en propre à celle-ci d’être à la fois humaine et divine, visible et riche de réalités invisibles, fervente dans l’action et adonnée à la contemplation, présente dans le monde et cependant en chemin. Mais de telle sorte qu’en elle ce qui est humain est ordonné et soumis au divin ; ce qui est visible à l’invisible ; ce qui relève de l’action à la contemplation ; et ce qui est présent à la cité future que nous recherchons. Aussi, puisque la liturgie édifie chaque jour ceux qui sont au-dedans pour en faire un temple saint dans le Seigneur, une habitation de Dieu dans l’Esprit, jusqu’à la taille qui convient à la plénitude du Christ, c’est d’une façon admirable qu’elle fortifie leurs énergies pour leur faire proclamer le Christ, et ainsi elle montre l’Église à ceux qui sont dehors comme un signal levé sur les nations, sous lequel les enfants de Dieu dispersés se rassemblent dans l’unité jusqu’à ce qu’il y ait un seul bercail et un seul pasteur. C’est pourquoi le saint Concile estime qu’il faut, pour le progrès et la restauration de la liturgie, rappeler les principes qui suivent et fixer des normes pratiques. Parmi ces principes et ces normes, il en est un certain nombre qui peuvent et doivent être appliqués tout autant aux autres rites qu’au rite romain, bien que les normes pratiques qui suivent soient à entendre comme concernant le seul rite romain, à moins qu’il ne s’agisse de ce qui, par la nature même des choses, affecte aussi les autres rites. Enfin, obéissant fidèlement à la Tradition, le saint Concile déclare que la sainte Mère l’Église considère comme égaux en droit et en dignité tous les rites légitimement reconnus, et qu’elle veut, à l’avenir, les conserver et les favoriser de toutes manières ; et il souhaite que, là où il en est besoin, on les révise entièrement avec prudence dans l’esprit d’une saine tradition et qu’on leur rende une nouvelle vigueur en accord avec les circonstances et les nécessités d’aujourd’hui."

 

Décret sur les moyens de communication sociale (Inter mirifica), dont le préambule écrit: 

"Parmi les merveilleuses découvertes techniques qu’avec l’aide de Dieu, le génie de l’homme a tirées de la création, à notre époque surtout, l’Église accueille et suit avec une sollicitude toute maternelle celles qui, plus directement, touchent les facultés spirituelles de l’homme et offrent des possibilités élargies de communiquer très facilement des nouvelles de tout genre, des idées, des orientations. Or, parmi ces découvertes, il faut assigner une place singulière aux moyens qui, de par leur nature, sont aptes à atteindre et à influencer non seulement les individus, mais encore les masses comme telles, et jusqu’à l’humanité tout entière. Tel est le cas de la presse, du cinéma, de la radio, de la télévision et d’autres techniques de même nature. Aussi bien peut-on les appeler à juste titre : moyens de communication sociale. Pourquoi le Concile s’occupe-t-il de ces questions ? Certes, l’Église notre Mère sait que ces instruments, quand ils sont utilisés correctement, rendent de grands services au genre humain : ils contribuent, en effet, d’une manière efficace au délassement et à la culture de l’esprit, ainsi qu’à l’extension et à l’affermissement du règne de Dieu. Mais elle sait aussi que les hommes peuvent les utiliser à l’encontre des desseins du Créateur et les tourner à leur propre perte. Son cœur maternel est angoissé à la vue des dommages que bien souvent leur mauvais usage a déjà causés à l’humanité. C’est pourquoi le Concile œcuménique, prenant à son compte le souci vigilant des Souverains Pontifes et des évêques en une matière d’une si haute importance, considère de son devoir de traiter les principaux problèmes relatifs aux moyens de communication sociale. Il a confiance, en outre, que la doctrine et la discipline qu’il propose ici seront utiles, non seulement au salut des chrétiens, mais encore au progrès de toute l’humanité."

 

- 4 décembre : Promulgation des deux textes précités.

L’obligation de la messe dominicale s’étale sur le week-end ; les langues vernaculaires sont tolérées lors des liturgies (Paul VI déclarera obligatoire l’usage des formules vernaculaires de la messe à partir de décembre 1971) ; le rite romain est réformé).

 

La communion sous les deux espèces du pain et du vin (intinction) est autorisée ; les instructions romaines prévoient que la personne distribuant la communion procède elle-même à l'intinction, c'est-à-dire que seul le prêtre ou le diacre (ou éventuellement le laïc ministre extraordinaire de l'eucharistie) peut pratiquer l'intinction. Toujours, l'instruction romaine précise: "Pour administrer la Sainte-Communion sous les deux espèces aux fidèles, il faut tenir compte d'une manière appropriée des circonstances, dont l’évaluation revient en premier lieu aux évêques diocésains." Dans la "Présentation générale du Missel Romain" ainsi que dans l'instruction de 2004 Redemptionis Sacramentum du Pape Jean-Paul II, il est rappelé que: "Il n'est pas permis à celui qui reçoit la communion de tremper lui-même l'hostie dans le calice, ni recevoir dans la main l'hostie, qui a été trempée dans le Sang du Christ". Si cette façon de communier, peut se voir fréquemment, elle n'est pas admise pas l'Église. 

 

Le nouveau Missel romain sera publié le 3 avril 1969. 

 

1964 : Le 25 janvier : motu proprio Sacram liturgiam prescrivant des mesures transitoires pour la réforme liturgique (Messe de 1965). Le 19 mai, création du Secrétariat pour les religions non-chrétiennes. Le 6 août est promulgué l'encyclique Ecclesiam suam sur l’Église.

Le 19 novembre : vote de la Constitution dogmatique sur l’Église (Lumen Gentium), étude et développement de la doctrine de l’Église, rappel de l'infaillibilité du Pontife romain "quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous les fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la foi (cf. Luc 22,32), il proclame, par un acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les moeurs". Voici l'introduction: 

"Le Christ est la lumière des peuples ; réuni dans l’Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l’Évangile répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l’Église (cf. Mc 16, 15). L’Église étant, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain, elle se propose de mettre dans une plus vive lumière, pour ses fidèles et pour le monde entier, en se rattachant à l’enseignement des précédents Conciles, sa propre nature et sa mission universelle. À ce devoir qui est celui de l’Église, les conditions présentes ajoutent une nouvelle urgence : il faut que tous les hommes, désormais plus étroitement unis entre eux par les liens sociaux, techniques, culturels, réalisent également leur pleine unité dans le Christ."

Le 20 novembre : Vote du Décret sur les Eglises orientales catholiques (Orientalium Ecclesiarum), dont voici le préambule: 

"L’Église catholique tient en grande estime les institutions, les rites liturgiques, les traditions ecclésiales et la discipline de vie chrétienne des Églises orientales. En effet, à cause de l’ancienneté vénérable dont ces Églises s’honorent, resplendit en elles la tradition qui vient des Apôtres par les Pères et qui fait partie du patrimoine indivis de toute l’Église et révélé par Dieu. Dans sa sollicitude pour les Églises orientales, qui sont des témoins vivants de cette tradition, le Concile œcuménique désire qu’elles soient florissantes et accomplissent avec une vigueur apostolique renouvelée la mission qui leur incombe. C’est pourquoi, outre les décisions qui concernent l’Église universelle, il a décidé d’établir quelques points principaux, s’en remettant pour le reste à la prudence des synodes orientaux et du Siège apostolique."

 

Décret sur l’œcuménisme (Unitatis redintegratio), voici le préambule:

"Promouvoir la restauration de l’unité entre tous les chrétiens est l’un des objectifs principaux du saint Concile œcuménique de Vatican II. Une seule et unique Église a été fondée par le Christ Seigneur. Et pourtant plusieurs communions chrétiennes se présentent aux hommes comme le véritable héritage de Jésus Christ. Tous certes confessent qu’ils sont les disciples du Seigneur, mais ils ont des opinions différentes. Ils suivent des chemins divers, comme si le Christ lui-même était divisé. Il est certain qu’une telle division s’oppose ouvertement à la volonté du Christ. Elle est pour le monde un objet de scandale et elle fait obstacle à la plus sainte des causes: la prédication de l’Évangile à toute créature. Or, le Maître des siècles, qui poursuit son dessein de grâce avec sagesse et patience à l’égard des pécheurs que nous sommes, a commencé en ces derniers temps de répandre plus abondamment sur les chrétiens divisés entre eux l’esprit de repentance et le désir de l’union. Très nombreux sont partout les hommes qui ont été touchés par cette grâce et, sous l’effet de la grâce de l’Esprit-Saint, est né un mouvement qui s’amplifie de jour en jour chez nos frères séparés en vue de rétablir l’unité de tous les chrétiens. À ce mouvement vers l’unité, qu’on appelle le mouvement œcuménique, prennent part ceux qui invoquent le Dieu Trinité et confessent Jésus comme Seigneur et Sauveur, non seulement pris individuellement, mais aussi réunis en communautés dans lesquelles ils ont entendu l’Évangile et qu’ils appellent leur Église et l’Église de Dieu. Presque tous cependant, bien que de façon diverse, aspirent à une Église de Dieu, une et visible, vraiment universelle, envoyée au monde entier pour qu’il se convertisse à l’Évangile et qu’il soit ainsi sauvé pour la gloire de Dieu. Voilà pourquoi le Concile, considérant avec joie tous ces faits, après avoir exposé la doctrine relative à l’Église, pénétré du désir de rétablir l’unité entre tous les disciples du Christ, veut proposer à tous les catholiques les moyens, les voies et les modes d’action qui leur permettront à eux-mêmes de répondre à cet appel divin et à cette grâce." Enfin, me 21 novembre : promulgation des trois textes votés.

 

1965: En janvier: publication de l’Ordo missae et des rituels de concélébration. En mai : constitution d’un groupe de travail commun entre l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises.

Le 3 septembre: Encyclique Mysterium Fidei sur la doctrine et le culte de la sainte eucharistie ; à propos de la transsubstantiation, le Pape Paul VI rappelle l’enseignement traditionnel afin de corriger les opinions de quelques théologiens catholiques modernes qui insistent plus sur la valeur de l’eucharistie pour celui qui la reçoit que sur la réalité de la présence du Christ dans le pain et le vin. Voici l'introduction de l'encyclique: 

"Mystère de foi, don accordé à l'Église, par son Époux, en gage de son immense amour, l'Eucharistie a toujours été religieusement gardée par l'Église Catholique comme un trésor du plus haut prix et a fait l'objet de sa part, au IIe Concile du Vatican, d'une nouvelle et solennelle profession de foi et de culte. Dans l'étude de la restauration de la Sainte Liturgie, les Pères du Concile, soucieux du bien de l'Eglise universelle, n'ont rien eu plus à cœur que de porter les fidèles à une participation active à la célébration eucharistique: les chrétiens se voient pressés d'apporter une foi entière et une dévotion profonde à ce mystère très saint, de l'offrir à Dieu en union avec le prêtre comme sacrifice pour leur salut personnel et celui du monde entier, et de prendre cet aliment pour se nourrir spirituellement."

 

Le 15 septembre: institution du Synode des évêques. Du 6 au 16 octobre : Vote du Décret sur la charge pastorale des évêques (Christus Dominus) dont le préambule est le suivant:

"Le Christ Seigneur, Fils du Dieu vivant est venu pour sauver son peuple du péché et pour sanctifier tous les hommes ; comme il fut lui-même envoyé par le Père, ainsi envoya-t-il ses Apôtres ; il les sanctifia, en leur donnant le Saint-Esprit, pour qu’eux aussi ils glorifient le Père sur la terre et fassent que les hommes soient sauvés « en vue de l’édification du Corps du Christ » (Ep 4, 12), qui est l’Église. Dans cette Église du Christ, le Pontife romain, comme successeur de Pierre, à qui le Christ confia la mission de paître ses brebis et ses agneaux, jouit, par institution divine, du pouvoir suprême, plénier, immédiat, universel pour la charge des âmes. Aussi bien, en sa qualité de pasteur de tous les fidèles envoyé pour assurer le bien commun de l’Église universelle et le bien de chacune des Églises, il possède sur toutes les Églises la primauté du pouvoir ordinaire. Les évêques, eux aussi, établis par le Saint-Esprit, succèdent aux Apôtres, comme pasteurs des âmes: ils ont été envoyés pour assurer, en union avec le Souverain Pontife et sous son autorité, la pérennité de l’œuvre du Christ, Pasteur éternel. Car le Christ a donné aux Apôtres et à leurs successeurs l’ordre et le pouvoir d’enseigner toutes les nations, de sanctifier les hommes dans la vérité et de guider le troupeau. Aussi, par l’Esprit Saint qui leur a été donné, les évêques ont-ils été constitués de vrais et authentiques maîtres de la foi, pontifes et pasteurs. Cette charge épiscopale, qui est la leur et qu’ils ont reçue par la consécration épiscopale, les évêques, participant à la sollicitude de toutes les Églises, l’exercent – pour ce qui est du Magistère et du gouvernement – à l’égard de l’Église universelle de Dieu, tous unis en un collège ou corps, en communion avec le Souverain Pontife et sous son autorité. Ils l’exercent individuellement à l’égard de la portion du troupeau remise à leurs soins, chacun prenant en charge l’Église particulière qui lui a été confiée ou plusieurs parfois, pourvoyant conjointement aux besoins communs de diverses Églises locales. C’est pourquoi le saint Concile, tenant compte notamment des conditions de la communauté humaine en pleine évolution de nos jours, et voulant déterminer de manière plus précise la charge pastorale des évêques, a décidé ce qui suit."

 

Décret sur la vie religieuse (Perfectae Caritati) dont le préambule nous écrit que:

"Dans la constitution Lumen Gentium, le Concile a précédemment montré que la recherche de la charité parfaite par les conseils évangéliques a sa source dans l’enseignement et l’exemple du divin Maître et apparaît comme un signe éclatant du Royaume des cieux. Maintenant, il se propose de traiter de la vie et de la discipline des instituts dont les membres font profession de chasteté, de pauvreté et d’obéissance, et de pourvoir à leurs besoins, selon les exigences de l’époque actuelle. Dès les origines de l’Église, il y eut des hommes et des femmes qui voulurent, par la pratique des conseils évangéliques, suivre plus librement le Christ et l’imiter plus fidèlement et qui, chacun à sa manière, menèrent une vie consacrée à Dieu. Beaucoup parmi eux, sous l’impulsion de l’Esprit Saint, vécurent dans la solitude, ou bien fondèrent des familles religieuses que l’Église accueillit volontiers et approuva de son autorité. À partir de là se développa providentiellement une admirable variété de communautés religieuses qui contribuèrent beaucoup à ce que l’Église non seulement fût apte à toute bonne œuvre (cf. 2 Tm 3, 17) et prête pour l’exercice de son ministère en vue de l’édification du Corps du Christ (cf. Ep 4, 12), mais encore apparût embellie des dons variés de ses enfants comme une épouse parée pour son époux (cf. Ap 21, 2), et que par elle fussent manifestées les ressources multiples de la sagesse de Dieu (cf. Ep 3, 10). Dans une telle variété de dons, tous ceux que Dieu appelle à la pratique des conseils évangéliques et qui en font profession, se vouent au Seigneur de façon spéciale en suivant le Christ chaste et pauvre (cf. Mt 8, 20 ; Lc 9, 58), qui par son obéissance jusqu’à la mort de la croix (cf. Ph 2, 8) a racheté les hommes et les a sanctifiés. Poussés dans cette voie par la charité que l’Esprit Saint a répandue dans leurs cœurs (cf. Rm 5, 5), ils vivent toujours davantage pour le Christ et pour son Corps qui est l’Église (cf. Col 1, 24). C’est pourquoi, plus fervente est leur union au Christ par cette donation d’eux-mêmes qui embrasse toute leur existence, plus riche devient la vie de l’Église et plus fécond son apostolat. Mais pour que l’Église, dans les circonstances présentes, profite davantage de l’excellence de la vie consacrée par la profession des conseils évangéliques et de son rôle nécessaire, le saint Concile a statué ce qui suit et qui concerne seulement les principes généraux de la rénovation et de l’adaptation de la vie et de la discipline des instituts religieux, et, étant sauf leur caractère propre, des sociétés de vie commune sans vœux et des instituts séculiers. Les normes particulières de la mise en œuvre et de l’application de ces principes généraux devront être établies après le Concile par l’autorité compétente."

 

Décret sur la formation des prêtres (Optatam totius) le préambule est le suivant:

"Le saint Concile a pleinement conscience que le renouveau de l’Église entière, souhaité par tous, dépend pour une grande part du ministère des prêtres animé par l’Esprit du Christ aussi affirme-t-il l’importance capitale de la formation sacerdotale. Il en proclame quelques principes fondamentaux, qui confirmeront les lois approuvées par l’expérience des siècles passés, et qui permettront d’y introduire les éléments nouveaux destinés à répondre aux constitutions et décrets du Concile et aux transformations des temps actuels. Cette formation sacerdotale, en raison même de l’unité du sacerdoce catholique est nécessaire pour les prêtres des deux clergés et de tous les rites. C’est pourquoi ces prescriptions, qui concernent directement le clergé diocésain, sont valables pour tous, compte tenu des adaptations nécessaires."

 

Déclaration sur l’éducation chrétienne (Gravissimum educationis), le préambule:

"L’extrême importance de l’éducation dans la vie de l’homme et son influence toujours croissante sur le développement de la société moderne sont pour le Concile œcuménique l’objet d’une réflexion attentive. En vérité, les conditions d’existence d’aujourd’hui rendent à la fois plus aisées et plus urgentes la formation des jeunes ainsi que l’éducation permanente des adultes. Les hommes, en effet, dans une conscience plus aiguë de leur dignité et de leur responsabilité, souhaitent participer chaque jour plus activement à la vie sociale, surtout à la vie économique et politique. Les merveilleux progrès de la technique et de la recherche scientifique, les nouveaux moyens de communication sociale, leur donnent la possibilité dans le moment où ils jouissent de loisirs accrus, d’accéder plus aisément au patrimoine culturel et spirituel de l’humanité, et de s’enrichir mutuellement grâce aux relations plus étroites qui existent entre les groupes et entre les peuples eux-mêmes. Aussi s’efforce-t-on partout de favoriser toujours plus l’éducation ; les droits primordiaux de l’homme à l’éducation, spécialement ceux des enfants et des parents, sont reconnus et les documents officiels en font état. Devant la croissance rapide du nombre des élèves, on multiplie de toute part et on perfectionne les écoles, on crée d’autres institutions éducatives. Des expériences nouvelles développent les méthodes d’éducation et d’enseignement. Des efforts de grande valeur sont accomplis pour procurer ces biens à tous les hommes, quoiqu’un grand nombre d’enfants et de jeunes ne reçoivent même pas encore une instruction élémentaire et que tant d’autres soient privés de l’éducation véritable qui développe à la fois la vérité et la charité. Mais, pour s’acquitter de la mission que lui a confiée le Seigneur qui l’a fondée, d’annoncer à tous les hommes le mystère du salut et de tout édifier dans le Christ, notre sainte Mère l’Église doit prendre soin de la totalité de la vie de l’homme y compris de ses préoccupations terrestres, dans la mesure où elles sont liées à sa vocation surnaturelle. Elle a donc un rôle à jouer dans le progrès et le développement de l’éducation. C’est pourquoi le Concile proclame certains principes fondamentaux de l’éducation chrétienne, spécialement en ce qui touche la vie scolaire. Une commission spéciale devra, après le Concile, les développer plus en détail. Les Conférences épiscopales auront à en faire l’application en tenant compte des circonstances locales."

 

Déclaration sur les relations avec les religions non-chrétiennes (Nostra aetate), le préambule:

"À notre époque où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et où les relations entre les divers peuples se multiplient, l’Église examine plus attentivement quelles sont ses relations avec les religions non chrétiennes. Dans sa tâche de promouvoir l’unité et la charité entre les hommes, et aussi entre les peuples, elle examine ici d’abord ce que les hommes ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur destinée. Tous les peuples forment, en effet, une seule communauté ; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter tout le genre humain sur toute la face de la terre ; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut s’étendent à tous, jusqu’à ce que les élus soient réunis dans la Cité sainte, que la gloire de Dieu illuminera et où tous les peuples marcheront à sa lumière. Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd’hui, agitent profondément le cœur humain : Qu’est-ce que l’homme? Quel est le sens et le but de la vie? Qu’est-ce que le bien et qu’est-ce que le péché? Quels sont l’origine et le but de la souffrance? Quelle est la voie pour parvenir au vrai bonheur? Qu’est-ce que la mort, le jugement et la rétribution après la mort ? Qu’est-ce enfin que le mystère dernier et ineffable qui embrasse notre existence, d’où nous tirons notre origine et vers lequel nous tendons ?"

 

Le concile reconnaît la présence de valeurs spirituelles et morales dans les autres religions et rappelle les antécédents juifs de l’Église en condamnant les persécutions antisémites : «(...) L’Église réprouve donc, en tant que contraire à l’esprit du Christ, toute discrimination ou vexation opérée envers des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur classe ou de leur religion. En conséquence, le Concile, suivant les traces des saints apôtres Pierre et Paul, adjure ardemment les fidèles du Christ "d’avoir au milieu des nations une belle conduite" (1 P 2,12), si c’est possible, et de vivre en paix, pour autant qu’il dépend d’eux, avec tous les hommes, de manière à être vraiment les fils du Père qui est dans les cieux. » Le texte sur le rapport avec les Juifs est adopté par une très large majorité (1763 voix contre 250). L’Église se souvient du lien qui unit spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la descendance d’Abraham.

 

Le Concile Vatican II reconnaît à l’Ecclesia Anglicana (l'Église anglicane), "une place particulière" parmi les Eglises séparées de Rome, tout en gardant la position du Pape Léon XIII, c'est à dire une non reconnaissance de la succession apostolique (encyclique "Aspostolae Curae"  du 13 septembre 1896)

Le octobre: vote de la Constitution dogmatique sur la Révélation divine (Dei Verbum) dont voici le préambule: 

Quand il écoute religieusement et proclame hardiment la parole de Dieu, le saint Concile obéit aux paroles de saint Jean: «Nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous est apparue: ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous soyez vous aussi en La communion chrétienne, c'est l'union des fidèles entre eux, fondée sur leur union à Dieu. Communier au corps et au sang du Christ, c'est entrer dans son mystère pascal et partager sa destinée.communion avec nous, et que notre communion soit avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ » (1 Jo. 1, 2-3). C’est pourquoi, marchant sur les pas du Concile de Trente et du premier Concile du Vatican, il se propose de présenter la doctrine authentique sur la révélation divine et sa transmission, pour que, grâce à cette proclamation du salut, le monde entier croie en écoutant, espère en croyant, aime en espérant

 

Le 18 novembre : promulgation du Décret sur l’apostolat des laïcs (Apostolicam actuositatem), le préambule: 

"Le saint Concile, dans sa volonté de rendre plus intense l’activité apostolique du Peuple de Dieu, se tourne avec une grande attention vers les chrétiens laïcs, dont il a déjà rappelé en d’autres documents le rôle propre et absolument nécessaire dans la mission de l’Église. L’apostolat des laïcs, en effet, ne peut jamais manquer à l’Église, car il est une conséquence de leur vocation chrétienne. L’Écriture elle-même montre parfaitement (cf. Ac 11, 19-21 ; 18, 26 ; Rm 16, 1-16 ; Ph 4, 3) combien cette activité se manifesta spontanément aux premiers jours de l’Église et combien elle fut féconde. Notre temps n’exige pas un moindre zèle de la part des laïcs ; les circonstances actuelles réclament d’eux au contraire un apostolat toujours plus intense et plus étendu. En effet l’augmentation constante de la population, le progrès des sciences et des techniques, la solidarité plus étroite entre les hommes ont non seulement élargi à l’infini le champ de l’apostolat des laïcs, en grande partie ouvert à eux seuls, mais ils ont fait surgir de nouveaux problèmes, qui réclament de leur part une vigilance et une recherche toutes particulières. Cet apostolat devient d’autant plus urgent que s’est affirmée, comme c’est normal, l’autonomie de nombreux secteurs de la vie humaine, entraînant parfois un certain délaissement de l’ordre moral et religieux, au grand péril de la vie chrétienne. Il faut ajouter qu’en de nombreuses régions les prêtres sont très peu nombreux ou parfois privés de la liberté indispensable à leur ministère, de sorte que, sans le travail des laïcs, l’Église et son action ne pourraient que difficilement être présentes. Le signe de cette urgente nécessité aux multiples aspects est l’action manifeste du Saint-Esprit qui rend aujourd’hui les laïcs de plus en plus conscients de leur propre responsabilité et les invite partout à servir le Christ et l’Église. Dans ce décret le Concile se propose d’éclairer la nature de l’apostolat des laïcs, son caractère et sa variété, d’en énoncer les principes fondamentaux et de donner des directives pastorales pour qu’il s’exerce plus efficacement. La révision du droit canon concernant l’apostolat des laïcs devra prendre pour règle tout ce qui est contenu dans ce décret."

 

Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes (Joie et Espérance) :

« L’avortement et l’infanticide sont des crimes abominables » ; par son travail et ses activités au sein des groupes sociaux, « l’homme réalise le plan de Dieu, manifesté au commencement des temps, de dominer la Terre et d’achever la Création, et il se cultive lui-même ». Voici l'avant propos de la constitution pastorale: 

"Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples du Christ, et il n’est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s’édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l’Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père, et porteurs d’un message de salut qu’il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire."

 

Déclaration sur la liberté religieuse (Dignitatis humanae) ; elle pose le principe de l’unité du genre humain, condamne le fanatisme et reconnaît la liberté religieuse ; l’exercice de la religion repose sur des actes intérieurs volontaires qui ne peuvent être imposés ; la dignité humaine fonde la liberté de conscience. Le préambule: 

"La dignité de la personne humaine est, en notre temps, l’objet d’une conscience toujours plus vive ; toujours plus nombreux sont ceux qui revendiquent pour l’homme la possibilité d’agir en vertu de ses propres options et en toute libre responsabilité ; non pas sous la pression d’une contrainte, mais guidé par la conscience de son devoir. De même requièrent-ils que soit juridiquement délimité l’exercice de l’autorité des pouvoirs publics, afin que le champ d’une honorable liberté, qu’il s’agisse des personnes ou des associations, ne soit pas trop étroitement circonscrit. Cette exigence de liberté dans la société humaine regarde principalement les biens spirituels de l’homme, et, au premier chef, ce qui concerne le libre exercice de la religion dans la société. Considérant avec diligence ces aspirations dans le but de déclarer à quel point elles sont conformes à la vérité et à la justice, ce saint Concile du Vatican scrute la sainte tradition et la doctrine de l’Église d’où il tire du neuf en constant accord avec le vieux. C’est pourquoi, tout d’abord, le saint Concile déclare que Dieu a lui-même fait connaître au genre humain la voie par laquelle, en le servant, les hommes peuvent obtenir le salut et le bonheur dans le Christ. Cette unique vraie religion, nous croyons qu’elle subsiste dans l’Église catholique et apostolique à laquelle le Seigneur Jésus a confié le mandat de la faire connaître à tous les hommes, lorsqu’il dit aux Apôtres : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Mt 28, 19-20). Tous les hommes, d’autre part, sont tenus de chercher la vérité, surtout en ce qui concerne Dieu et son Église ; et, quand ils l’ont connue, de l’embrasser et de lui être fidèles. De même encore, le saint Concile déclare que ces devoirs concernent la conscience de l’homme et l’obligent, et que la vérité ne s’impose que par la force de la vérité elle-même qui pénètre l’esprit avec autant de douceur que de puissance. Or, puisque la liberté religieuse, que revendique l’homme dans l’accomplissement de son devoir de rendre un culte à Dieu, concerne l’exemption de contrainte dans la société civile, elle ne porte aucun préjudice à la doctrine catholique traditionnelle au sujet du devoir moral de l’homme et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ. En outre, en traitant de cette liberté religieuse, le saint Concile entend développer la doctrine des Souverains Pontifes les plus récents sur les droits inviolables de la personne humaine et l’ordre juridique de la société."

 

Promulgation du Décret sur l’activité missionnaire de l’Église (Ad gentes), le préambule: 

"Envoyée par Dieu aux nations pour être « le sacrement universel du salut», l’Église, en vertu des exigences intimes de sa propre catholicité et obéissant au commandement de son fondateur (cf. Mc 16, 16), est tendue de tout son effort vers la prédication de l’Évangile à tous les hommes. Les Apôtres eux-mêmes, en effet, sur lesquels l’Église a été fondée ont suivi les traces du Christ, « ont prêché la parole de vérité et engendré des Églises». Le devoir de leurs successeurs est de perpétuer cette œuvre, afin que, « la Parole de Dieu soit divulguée et glorifiée » (2 Th 3, 1), le Royaume de Dieu annoncé et instauré dans le monde entier. Mais dans l’ordre actuel des choses, dont découlent de nouvelles conditions pour l’humanité, l’Église, sel de la terre et lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14), est appelée de façon plus pressante à sauver et à rénover toute créature, afin que tout soit restauré dans le Christ, et qu’en lui les hommes constituent une seule famille et un seul Peuple de Dieu. Aussi le saint Concile, tout en rendant grâce à Dieu pour les œuvres magnifiques accomplies par le zèle généreux de l’Église tout entière, désire-t-il esquisser les principes de l’activité missionnaire et rassembler les forces de tous les fidèles pour que le Peuple de Dieu, s’avançant sur la voie étroite de la croix, étende partout le règne du Christ Seigneur qui embrasse les siècles de son regard (cf. Si 36, 19), et qu’il prépare les voies à son avènement."

 

Décret sur le ministère et la vie des prêtres (Presbyterorum Ordinis), le préambule: 

"Plusieurs fois déjà, ce saint Concile a rappelé à tous l’importance de l’Ordre des prêtres dans l’Église. Cet Ordre joue, dans la rénovation de l’Église du Christ, un rôle essentiel, mais aussi de plus en plus difficile: d’où l’utilité de ce décret qui parle des prêtres de manière plus détaillée et plus approfondie. Il concerne tous les prêtres, spécialement ceux qui exercent une charge pastorale ; en ce qui concerne les prêtres religieux, on fera les adaptations qui s’imposent. Par la sainte ordination et la mission reçues des évêques, les prêtres sont promus au service du Christ Docteur, Prêtre et Roi ; ils participent à son ministère, qui, de jour en jour, construit ici-bas l’Église pour qu’elle soit Peuple de Dieu, Corps du Christ, Temple du Saint-Esprit. Dans une situation pastorale et humaine qui souvent a subi de profonds changements, il fallait les soutenir plus efficacement dans leur ministère et mieux s’occuper de leur vie. C’est pourquoi ce saint Concile déclare et décide ce qui suit."

 

Le 7 décembre: levée des anathèmes entre l’Église romaine et celle de Constantinople (Paul VI et Athénagoras Ier lèvent réciproquement les excommunications de 1054).

- 8 décembre : séance solennelle de clôture du Concile Vatican II.

 

Dans son Homélie du 29 juin 1972, jour de la fête des saints Pierre et Paul, le Pape Paul VI déclare qu’il a « le sentiment que, par quelques fissures, la fumée de Satan est entrée dans le temple de Dieu. Il y a le doute, l’incertitude, la problématique, l’inquiétude, l’insatisfaction, la confrontation. On ne fait pas confiance à l’Église…On croyait qu’après le concile viendrait une journée de soleil pour l’histoire de l’Église. Au contraire, ce qui est venu, c’est une journée de nuages, d’obscurité, de recherche, d’incertitude… Nous croyons que quelque chose de préternaturel (le diable) est venu dans le monde pour troubler, pour étouffer les fruits du concile œcuménique et pour empêcher l’Église d’exprimer par un chant sa joie d’avoir repris pleinement conscience d’elle-même ». 

 


À jour: le mardi 13 novembre 2018

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