QUELLE EST LA PLACE DE LA FEMME DANS L’ÉGLISE ?


1. 

Il faut d’abord revenir aux sources, observer le comportement de Jésus dans les évangiles, voir quel est son enseignement sur le mariage. Saint Paul a la réputation d’être misogyne : l’est-il vraiment ?
Marie, mère de Dieu
La perfection a trouvé son expression dans une femme : Marie, la mère de Dieu. Marie, vierge et mère, est aux antipodes de la culture actuelle : elle exalte la pureté et la maternité. Il n’empêche : pour tous les chrétiens, Marie tient une place absolument éminente. Elle est celle par qui Dieu est venu au monde. Elle a offert à Dieu sa foi, à l’inverse d’Ève qui a préféré se fier à ce que lui promettait le Tentateur. Marie est la nouvelle Ève.
Sans la nommer, saint Paul fait souvent référence à Marie en disant de Jésus qu’il est « né d’une femme ». Saint Paul, misogyne dit-on, reconnaît la place unique de Marie parmi toutes les créatures : c’est  d’elle que le fils de Dieu est né.
Marie est mère de Jésus et aussi mère de tous les hommes. Elle est reine au Ciel. Quelle place d’exception ! 

Les femmes dans les évangiles

Les personnages féminins sont nombreux dans les évangiles. Un groupe de femmes accompagne Jésus et ses disciples. Jésus donne en exemple plusieurs femmes, comme celui de la Cananéenne qui fait preuve d’une grande foi, ou de celle qui verse sur ses pieds un parfum de grand prix. Certaines sont accusées par les pharisiens d’être des « pécheresses », mais Jésus libère la femme adultère, passible de lapidation. Il s’entretient longuement avec la Samaritaine, au grand étonnement des disciples. Ses adversaires principaux sont tous des hommes. Le traître, c’est un homme, Judas. Les premières messagères de la Résurrection sont des femmes. Jésus interdit à l’homme de divorcer alors que, jusqu’à lui, l’homme pouvait divorcer sans motif sérieux. Il n’était absolument pas misogyne !

Saint Paul : non pas l’esclavage, mais l’amour

« Que les femmes soient soumises à leur mari. » Saint Paul ajoute : « comme au Seigneur ». Il ne s’agit donc pas d’esclavage, mais d’amour. Après trois phrases de conseils aux femmes, saint Paul en aligne huit à l’adresse des hommes : « Aimez vos femmes comme le Christ a aimé l’Église ». La relation est réciproque, même si elle n’est pas symétrique. Le passage (Épître aux Éphésiens, chapitre 5) commençait ainsi : « Soyez soumis les uns aux autres ». Il se termine par ces mots : « Bref, que chacun aime sa femme comme soi-même et que la femme révère son mari ». Saint Paul recommande la discrétion aux femmes dans les assemblées pour que la communauté chrétienne ne soit pas décriée dans la société païenne. Mais dans le dernier chapitre (16) de l’Épître aux Romains, c’est à des femmes qu’il adresse les salutations les plus chaleureuses.

2. 

Dans la vie concrète de l’Église aujourd’hui, bien des postes de responsabilité sont tenus par des femmes, plus que dans la société civile. Au XIXe siècle, l’Église était un des très rares lieux où les femmes pouvaient exercer une réelle autorité. Elles avaient cette fonction dans le cadre des communautés religieuses de femmes.

L’exemple des communautés religieuses

Les supérieures de communautés religieuses féminines jouissent d’une réelle autorité. Il faut regarder au cas par cas, selon les époques et selon les congrégations. Mais les évêques et les aumôniers des religieuses savent, depuis longtemps, qu’ils ne doivent pas chercher à interférer dans la vie interne des communautés. Au XIXe siècle, de nombreuses femmes ont fondé des communautés religieuses et en ont été les supérieures. 

Des postes de responsabilité dans l’Église aujourd’hui

Dans la vie concrète de l’Église, bien des postes de responsabilité sont tenus par des femmes. Si vous regardez la vie d’une paroisse ou même d’un diocèse, vous découvrirez qu’un certain nombre de responsabilités importantes sont confiées à des femmes. Même dans des spécialités réputées plutôt masculines, comme les finances. Dans les conseils paroissiaux ou diocésains, elles sont majoritaires. Ce n’est pas étonnant, car, en moyenne, les femmes représentent les deux tiers des fidèles.
Quelques femmes sont aussi présentes dans les services du Saint-Siège. Pendant de nombreuses années, c’était une Française qui était Secrétaire du Conseil pour les laïcs. En 2008, le pape Benoît XVI avait nommé 25 expertes ou auditrices pour assister au synode des évêques, sur un thème qui ne l’exigeait pas : la Parole de Dieu. Il en fut de même à la première session du synode sur la famille.

3. 

La juste place des femmes dans l’Église est au cœur de l’enseignement des derniers papes. À la réflexion anthropologique de Jean-Paul II, qui a parlé des « sentinelles de l’invisible », a succédé la préoccupation de Benoît XVI et du pape François d’accroître la participation des femmes à la réflexion et au gouvernement de l’Église.

Patronnes de France et docteurs de l’Église

Une jeune fille de vingt ans est la patronne secondaire de la France : Jeanne d’Arc. Il y a plus de femmes au sanctoral de l’Église catholique qu’au Panthéon de la République française. Dans le club très fermé des « Docteurs de l’Église » figurent quatre femmes : sainte Thérèse d’Avila, sainte Catherine de Sienne (depuis Paul VI), sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face (grâce à Jean-Paul II) et sainte Hildegarde de Bingen (sous Benoît XVI).


« Les sentinelles de l’invisibles » (Jean-Paul II)

Le pape Jean-Paul II avait consacré une encyclique à « La Dignité de la femme » (1998). Trois ans plus tôt, il avait écrit une Lettre aux femmes et il se montrait lui-même aussi à l’aise dans sa relation avec les femmes que dans celle avec les hommes. Les femmes sont, à ses yeux, les « sentinelles de l’invisible ».

Les grandes mystiques du Moyen Âge

Un an avant d’être pape, le cardinal Ratzinger avait écrit un document, presque aussi développé qu’une encyclique, sur « la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde ». L’intitulé même du document est un enseignement. En 2010, il consacra toute une série de catéchèses du mercredi à des femmes du Moyen Âge, en particulier de grandes mystiques.

« Il faut faire une théologie profonde de la femme » (pape François)

Le pape François s’est exprimé sur le sujet dans l’avion qui le ramenait des JMJ de Rio, en 2013 : « Une Église sans les femmes est comme le collège apostolique sans Marie. Le rôle de la femme dans l’Église est d’être l’icône de la Vierge, de Notre Dame, celle qui aide l’Église à grandir. La Vierge Marie est plus grande que les apôtres ! Elle est plus importante ! Il faut faire une théologie profonde de la femme. » Il a souhaité et décidé que les femmes soient plus nombreuses au Conseil pontifical de la Culture et à la Commission théologique.

4.
 

Une femme ne peut pas devenir prêtre ou évêque dans l’Église catholique. C’est une question sacramentelle et biblique. Par le sacrement reçu, l’évêque et le prêtre représentent le Christ, époux de l’Église.

Le Christ, époux de l’Église

L’ordination est réservée aux  hommes par la nature du sacrement de l’ordre.  Dans le texte d’Éphésiens 5,25-33, saint Paul fait le parallèle entre le rapport homme-femme et celui du Christ et de l’Église. Le Christ est l’époux de l’Église, comme, dans l’Ancien Testament, Dieu se présente comme l’époux d’Israël. Jésus lui-même se qualifie ainsi (Matthieu 9,15). À la suite des apôtres et par l’imposition des mains, le sacrement de l’ordre fait des évêques et des prêtres des représentants du Christ, époux de l’Église. Le pape lui-même ne saurait mépriser cette symbolique biblique. Et ce n’est certainement pas l’idéologie du « genre » qui le fera changer d’avis. Dans son exhortation apostolique, La Joie de l’Évangile (n° 104)le pape François est très clair : « Le sacerdoce réservé aux hommes, comme signe du Christ époux qui se livre dans l’Eucharistie, est une question qui ne se discute pas, mais peut devenir un motif de conflit particulier si on identifie trop la puissance sacramentelle avec le pouvoir. Il ne faut pas oublier que, lorsque nous parlons de pouvoir sacerdotal, « nous sommes dans le concept de la fonction, non de la dignité ni de la sainteté ». Ces derniers mots sont de Jean-Paul II. Cela n’empêche pas, dit-il quelques lignes plus loin, de chercher à mieux définir « le rôle possible de la femme là où se prennent des décisions importantes, dans les divers milieux de l’Église ».


Le choix des Douze

Dans les évangiles, il est clair que Jésus choisit très spécifiquement les Douze, douze hommes, pour le représenter : il les appelle, chacun par son nom ; il leur explique les secrets du Royaume ; il leur donne l’Esprit Saint pour le pardon des péchés ; il les envoie en mission, pour prêcher et baptiser. « Qui vous écoute, m’écoute. » Le Christ était très libre dans ses relations avec les femmes et n’a pas hésité à passer outre certains interdits pour s’approcher des femmes. S’il avait voulu choisir des femmes comme apôtres, il l’aurait fait. Cette position est commune à tous les chrétiens pour qui l’ordination est un véritable sacrement. Autre est la position protestante, puisque, pour eux, tous les baptisés sont uniformément prêtres. Au terme de sa formation, le futur pasteur bénéficie d’une  « reconnaissance de ministère ». Il est donc tout-à-fait normal que les pasteurs protestants soient indifféremment des hommes ou des femmes. L’ordination de femmes comme « prêtres » et « évêques » dans l’Église d’Angleterre montre que la majorité de la hiérarchie anglicane a penché du côté protestant. 

Le mariage des prêtres, ou le célibat pour le Royaume

Toute autre est la question de l’ordination d’hommes mariés. La pratique existe dans les Églises catholiques orientales. Des hommes mariés, pasteurs de l’Église anglicane devenus catholiques, ont pu être ordonnés prêtres sans se séparer de leur épouse. Il y a une convenance entre le célibat et le ministère des prêtres. C’est pourquoi, malgré certaines défaillances, l’Église romaine tient à choisir ses prêtres parmi ceux qui ont fait le choix du célibat « pour le Royaume », comme dit Jésus (Matthieu 19, 12). Mais ce n’est pas un point de dogme.

5. 

L’Église affirme la différence et la complémentarité des sexes.

Lutter contre la discrimination

L’Église lutte contre les comportements oppressants à l’égard des femmes, dans toutes les situations, comme Benoît XVI le rappelait : « Il y a des lieux et des cultures où la femme est discriminée et sous-évaluée pour le seul fait  d'être femme, où l'on a même recours à des arguments religieux et à des pressions familiales, sociales et culturelles pour soutenir la disparité des sexes, où sont perpétrés des actes de violence à l'égard de la femme, faisant d'elle un objet de mauvais traitements et d'exploitation dans la publicité  et dans l'industrie de la consommation et du divertissement. » Dans La Joie de l’Évangile (n° 212), le pape François renchérit : « Doublement pauvres sont les femmes qui souffrent des situations d’exclusion, de maltraitance et de violence, parce que souvent, elles se trouvent avec de plus faibles  possibilités de défendre leurs droits ».


L’apport indispensable de la femme à la société

De nombreux programmes d’aide au développement dans le tiers-monde, financés par des ONG catholiques, viennent spécifiquement en aide aux femmes. Leurs animateurs sont en effet convaincus que le véritable changement dans ces pays sera le fait des femmes, levain dans la pâte des transformations socio-culturelles du monde d’aujourd’hui. Saint Jean-Paul II leur reconnaissait un rôle tout particulier, notamment en Afrique, où leur alphabétisation, leur éducation et celle de leurs enfants lui semblaient être les canaux privilégiés d’un authentique développement. « L’Église reconnaît l’apport indispensable de la femme à la société, par sa sensibilité, son intuition et certaines capacités propres qui appartiennent habituellement plus aux femmes qu’aux hommes. Par exemple, l’attention féminine particulière envers les autres, qui s’exprime de façon spéciale, bien que non exclusive, dans la maternité. Je vois avec joie combien de nombreuses femmes partagent des responsabilités pastorales avec les prêtres, apportent leur contribution à l’accompagnement des personnes, des familles et des groupes et offrent de nouveaux apports à la réflexion théologique. Mais il faut encore élargir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église » (La Joie de l’Évangile, n° 103). 

« Homme et femme, il les créa »

Cependant, tout un courant de pensée tend à gommer la différence sexuelle, en lui reconnaissant seulement une dimension culturelle ou sociale. « On ne naît pas femme. On le devient. » La formule est juste en un sens, car l’être humain est toujours en devenir. Mais dans la polémique, elle veut dire plus que cela. Ce serait la société qui fabriquerait des hommes et des femmes. Certes, la biologie montre quelques différences notables. Mais la chirurgie fait des prodiges et les transsexuels n’hésitent pas à afficher leur changement de sexe.
Inversement, bien des femmes se plaignent de ne pas rencontrer d’hommes véritables. Que ce soit dans leur couple et leur famille, ou dans leur métier. Elles ne demandent pas, à être dominées par des hommes machistes, mais à trouver un complément, une aide qui ne soit pas la copie conforme d’elles-mêmes. « Aide » : c’est le mot que le Livre de la Genèse emploie quand il parle d’Adam et Ève. C’est pourquoi, au simple plan humain, l’Église ne peut que mettre en garde contre l’homoparentalité.

d'après Monseigneur Jacques Perrier - aleteia.org


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